NAISSANCE

 

Naissance

 

 

Jadis il y avait un immense océan,

Parcouru seulement du long souffle du temps.

Pas de jour, pas de nuit :

Rien que le vide urgent de l’amour qui s’ennuie.

 

Soudain cessa le vent ;

Un soleil se levant,

-Que personne ne vit-

Fit l’amour à la mer, et lui donna la vie.

 

C’est depuis que la mer, que la lumière attire,

Vient caresser la terre quand son amant se lève

Et mourir de désir,

Offerte, sur la grève.

 

*

Il y eut un matin, prime aurore des cieux,

Qui mit des flaques d’or dans le grand désert bleu ;

Puis il y eut un soir sur le froid désert noir

- Mais personne pour voir.

 

Des algues fureteuses, des coquilles sans âge,

Tout un peuple abyssal, fait d’esquisses de vie,

-Que personne ne vit,

Sortirent de la nuit sous des lueurs d’orage.

 

Sur ce monde en puissance, qui hésitait à naître,

Où l’enfant qui vagit n’osait encore paraître,

Tandis que le néant le disputait à l’être,

Chacun des éléments voulut régner en maître :

 

Le feu pour les volcans, le ciel aux ouragans,

La terre chevauche l’eau cabrée contre le vent :

La nature criait, mais nul ne l’entendait,

Car l’Homme était muet ; et le Monde attendait.

 

Dans l’haleine du temps, les siècles en un torrent

Coulèrent droit devant sans rencontrer d’amants …

 

**

 

Vint un matin charmant dans un jardin d’enfants ;

Elle est nue et babille, une feuille l’habille ;

Il est pur et gracile, tout d’ardeur juvénile,

Juché sur la voussure aimable d’un éléphant.

 

Les oiseaux se sont tus ; la nature attentive

Entoure les enfants nus que leur regard captive.

 

Ses yeux parlent à ses yeux …

Sa main touche sa main …

Pas un bruit dans les cieux …

Frisson dans le matin.

 

Alors …

 

Le feu quitte les volcans pour brûler dans leur cœur,

Le vent cède la parole et la donne à leurs ris,

La terre offre son herbe à leur tendre moiteur,

Le mer retient son souffle dans l’attente d’un cri.

 

***

 

Et c’est ainsi ma mie

Qu’un ultime matin,

Sur ta main endormie

Je poserai ma main.

 

 

Jean-marin SERRE © 2003

 

marin_serre@yahoo.fr

 

 

 

  Retour  Suite
Remonter en Haut de la page