JE ME
SOUVIENS
Les champs de
blé dormant au loin,
La brise
d'août séchant le foin,
Tous ces épis gorgés de grains,
C'est le
bonheur calme et serein.
Bientôt
la grange et ses greniers
Se rempliront
par gros paniers
De la moisson
du jardinier
Des beaux
fruits murs des vieux pruniers.
À chaque automne, elle s'endort,
Change d'habit
et de décor,
La vie palpite
en des accords
Qui font
mourir les boutons d'or.
Sempiternel
enterrement;
Printemps, été, pudiquement
Sont les
témoins des cœurs amants,
Automne, hiver
sèment tourments.
Je me souviens
de ces beaux jours
Aux temps
sacrés des gros labours,
Tes yeux
disaient de beaux discours
Et je riais de
tes "toujours".
Dans les
mûriers, près de la grange,
À
regarder le vol étrange
Du papillon,
de la mésange,
On oubliait
l'instant qui change.
Nous deux
cachés dessous les branches,
Tes doigts
curieux frôlant ma manche,
Mes longs
cheveux, ma blouse blanche;
Ah! Que
j'aimais ces beaux dimanches!
J'en oubliais
sur son épaule
Le vent, la
pluie, le chat qui miaule,
Le bruissant
son que fait le saule
Quand le vent
fou vient et l'enjôle.
J'ai
oublié l'égratignure
Que fait
l'épine en les ramures
Et même
aussi le goût des mures
Ou la raison
des déchirures.
Mais j'ai
gardé la douce brise,
L'odeur du
foin, de sa chemise
Je sais
vraiment, s'il se déguise,
L'amour jamais
ne cicatrise.
Avec le temps,
l'aurais-je cru?
En rang
d'oignon, le long des rues,
Chacun sa
clé, plus de charrue
Et nos
mûriers ont disparu.
Luce-Île
luce_ile@videotron.ca
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