Poème d'une interminable longueur

 

 

J'illustre d'huile teintée les visions de mon âme

Afin que tu touches du doigt la toile en devenir

Sur la rétine de mon coeur, dans le sein de ta femme

J'enlumine d'images la roue de l'avenir.

 

J'étale les couleurs comme des mots sur des lignes

Afin que tu voies le long chemin que j'ai pris

Au fond des abîmes de la mémoire des signes

J'expose à tes yeux plus que la peine mon coeur épris.

 

Aussi, petit pansement sur mes complaintes exagérées,

Je dois te dire en toute bonne foi, mon espoir étrange

A quel point je suis et demeure aux anges

Lorsque je t'entends émerger de ma timidité atterrée.

 

Car tu es un Vlaminck en vol-au-vent

Et du plus profond surgissent tes pensées

Parsemées de sucre blond et de fondant.

Ainsi ressourcée d'eau douce et claire, je vais.

 

Je caracole chez toi par une porte dérobée

Cachée, enfouie dans nos pensées.

Je puise aux sources de ce monde

Ma ration de vie, dans ce coeur que tu inondes.

 

Je te rejoins chez toi pour m'y emmitoufler

Et dans la chrysalide où Christ explose de lumière

Nos pensées impatientes tourbillonnent, gonflées

Au point de briser en nous la dernière frontière.

 

 

 

 

 

 

Ma main ne peut te toucher

Mon oeil ne peut pas te voir!

Oing de pigments sur mes complaintes exagérées

Je te dirai encore en couleur que je garde espoir.

 

Et en tout état de cause, il est bien clair

Qu'ici aucun doute n'a survécu au temps,

Deux âmes sont peut-être séparées par la chair

Mais elles ne font qu'un éternellement.

 

Elles ont dû passer au travers de tourments

Combattre l'ampleur du temps et de l'espace

S'aimer comme les princes du Tao d'antan

Dans l'extraordinaire abnégation d'une race.

 

Et ce pour maintenir une éthique

Dont nous ne savions rien auparavant

Pour atteindre un idéal épique

Dont plus personne ne parle maintenant.

 

Milles mensonges, milles criminels, milles voleurs

Tant d'entraves sur notre route, mon amour

Toi dans la vie active et pratique de tous les jours

Moi dans ma folie schizoïde emplie de langueur.

 

Toi combattant, vif comme flamme de dragon

Moi noire dans les ombres de lune automnale

Toi actif en ce monde de métamorphoses et d'illusion

Moi rêveuse ou mère de formes boréales.

 

 

 

 

 

 

Superstitions, légendes, sciences... tout entremêlé

Pour mieux me faire perdre cette piste.

Malgré cela, je te reconnais car en tes yeux irisés

Je perçois le Christ chanter à mon âme artiste.

 

Alors je ne t'attendrai jamais et pourtant

Je t'attendrai toujours, pourquoi pas?

Puisque toujours ensemble ou séparé à la fois

Nous sommes la même énergie magique d'entan.

 

Parce que si je disais que je t'attendrais à jamais

J'ai bien peur de n'espérer trop longtemps

Et si pour bien faire il fallait ne t'attendre jamais

Je ne pourrais souffrir l'infidélité et mon rang.

 

Puis, je m'étonne à chaque instant

De t'entendre encore et toujours présent

Défiant sans faillir le doute et le temps.

Si l'on me voient folle: douce folie, je t'aime tant!

 

 

 

 

 

 

A la légende, je lèverai une coupe

Pour me donner l'image d'un être carbonisé

Par la chaleur de l'étincelle et de l'étoupe

De celui dont la volonté voudrait me canoniser!

 

C'est le feu d'artifice des légendes chinoises

(Grandes histoires si extraordinairement longues)

Pour illuminer ton visage et ta vision amoureuse

Te dévoiler, volatil et secret, par un ordre de gong.

 

Au Christ, je lèverai mon humble regard

Et mon coeur cherchera dans le tien celui-là

Car rien ne peut être aussi beau que le sacrifice de soi

Pour mener à sa réalisation le plus doux des espoirs.

 

Pourquoi au-delà de la chair, au-delà de la terre

Pourquoi au-delà de la couleur et du papier

Entre mon regard et les mouvements de l'air

Apaisé là, je te sais du même amour m'aimer!

 

Pourquoi, pourquoi, mais encore pourquoi?

Je crains ne pas avoir de réponse sur cet empire.

De cette façon d'autres l'ont vécu ou le voient.

A quoi bon s'étonner de l'air qu'on respire.

 

Aussi bien se questionner sur ce qu'est l'amour.

Quand la soif est là et seule l'eau désaltère

Force est de creuser le sable et de mettre à jour

La source qui nous promet l'éternité entière.

 

 

 

 

 

Savra

©

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Pierrot vous conseille "Une vieille Légende" dont voici un extrait

Alors Brahma dit : " Voici ce que nous ferons de la divinité de l'homme : nous la cacherons au plus profond de lui-même, car c'est le seul endroit où il ne pensera jamais à chercher ".

Depuis ce temps-là, conclut la légende, l'homme a fait le tour de la terre. Il a exploré, escaladé, plongé, creusé, à la recherche de quelque chose qui se trouve en lui.

  

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