Il te souvient...

 

 

 

 

 

Il te souvient dis-moi ...

 

Des jours fébriles des études,

du doute et de l'incertude,

de ce qui allait advenir,

de cette année à finir,

des examens à écrire,

de ne plus sourire,

dans la peur d'échouer,

dans la honte si doublé...

 

 

Il te souvient dis-moi...

De cette folie des dernières heures

où se jouaient la peur et le bonheur,

où agonisait la paresse,

pâlissait l'allégresse

d'avoir crassé toute l'année

et la connaissance déniée.

Il te souvient cette rivière asséchée

sourceant dans nos gosiers...

 

 

 

Il te souvient dis-moi...

D'avoir prié ta bonne étoile

qu'elle ne mette pas les voiles

et fasse de la mémoire gruyère

la ruche des abeilles ouvrières.

Il te souvient de l'étudiant

au crétinisme guerroyant,

que passe au loin le cimetère,

qu'éclaire ici toutes lumières.

Il me souvient...

D'avoir erré le monde

à travers la fenêtre buissonnière

pendant que sur la mappemonde

les pays se donnaient frontières,

que les richesses sortaient de terre,

des Histoires et des conquêtes

pour ces Nations, ces Moissons,

pendant qu'on faisait la quête

pour tous les peuples, pauvres, bêtes...

 

 

 

Il me souvient...

D'être grimpé aux arbres

et même sur le toit des greniers

pour être plus près de la Vérité

en pensant qu'il me serait pardonné

d'avoir si peu étudié.

Il me souvient derrière l'oubli,

d'avoir retrouver l'esprit

qui le jour s'évadait de l'ennui

et projetait avec ses rêves la nuit

les connaissances révélées aujourd'hui.

 

 

 

Il me souvient...

Si près des anges,

appuyé au clocher,

d'avoir touché des doigts

l'orgeuil de son moi

qui veut mourir de sa foi

plutôt que vaincre sa croix.

Il me souvient d'avoir fait le choix...

Apprendre pour une fois

que prétendre est futile

qu'entendre est utile,

que connaissance n'est pas infuse,

que la science est muse.

Il me souvient d'avoir fait le choix...

de me concentrer aux études,

en lieu des cancreries de la béatitude.

Il te souvient dis-moi...

De ce coin de ciel

que dessinait Isabelle

à la dernière case de la marelle

et qu'en sautillant unijambiste

jusqu'aux nuages de l'artiste

c'est dans ses bras à elle

qu'un baiser nous donnait ailes.

Il te souvient de cette bicyclette

où assise en fourchette

elle nous menait à la rivière

près du chalet de son père

pour tous ensemble faire trempette,

de nos grandes geules faire trompette

et sur la nappe piqueniquer,

en son milieu un lys des prés.

 

Joyful spring of the oak,

earth.com

 

 

Il te souvient dis-moi...

De Bozo

qui gazouillait comme un oiseau

et hoquetait comme une grenouille

pas assez d'mots dans sa fenouille,

un grand Hérault de toutes sciences,

un grand Héro de notre ignorance,

Cétait Bozo tête de marmotte,

pas assez gros dans sa culotte,

notre Génie et notre ami

notre culasse, arme du défi

à nous limaces, abrutis,

battre ce premier à l'arrivée,

être un peu plus que les derniers.

C'était Bozo,

il chantait faux,

C'était Bozo,

notre tête d'oiseau,

C'était Bozo,

un clown adulé,

Notre Bozo,

notre Liberté...

Il te souvient dis-moi...

De cette Lucille

aux noires pupilles

qui d'un sourcil faisait frémir

les guenilloux

à ses genoux

implorant grâce d'avoir tabassé

son frérot d'âge, le mal aimé,

d'avoir gros nez et gros fessier,

notre souffre-douleur,

notre déshonneur.

Te souvient-il de ce tord-bras

qui te disait, ton bras dans l'dos :

Tu r'commenceras pas crapaud ?

Promis, promis, 3 fois craché,

j'dirai plus rien à c'te corniaud...

Ouille! Aie ! ... ton frérot !

 

 

 

Il me souvient...

D'avoir séché

la religion et ses péchés,

les cours moraux,

psy des cocos,

pour préférer lire Hugo

ou à l'aisance les Immoraux...

Parfois une brosse

prenait envol

pour s'écraser sur la palette

vivement levée comme raquette,

un coup-fourré du Prof-Compté

ou de l'Anglaise-Enragée.

Et je lisais, lisais toujours,

même après les cours !!

 

 

 

Il me souvient...

De ce mois de mai

où l'hiver nous était retombé,

un jour soccer annulé

et un congé à se faire chier.

Prenant godasses

et une besace

à travers bois et les fossés

sur la montagne on est monté.

Sacré hiver on t'a baisé !

Au bord du lac on a piqueniqué !

Il te souvient... Il me souvient...

De ce vieux parc,

ce terrain de jeux,

oeuvre de loisirs,

oeuvre de plaisirs,

voyages d'été dans les musées,

voyages merveilles aux cirques soleils,

voyages baignades aux plages dorades,

des idioties que disent les filles,

nos facéties à ces guenilles,

l'air abruti d'être le voeu

pour une danse autour du feu

avec la rousse faire la ronde,

le jour: pousse ! pousse ! le soir: sa blonde...

 

 

Tears de Y.T...

Il te souvient, dis-moi... déjà demain.

 

 

Cadet

05/02

 

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