robert-bonnefoy@club-internet.fr LE petit restaurant était charmant mais vide. SEUL, je décidais donc, d'y entrer d'un pas lent, MOYEN mais bien certain, avec un air candide. DE la salle du fond, une odeur d'ortolan SE propagea soudain pour finir en Sylphide, DEBARRASSER son flux sous mon nez chancelant. D'UNE main bien levée, je commandai, avide ! TENTATION ! tentation ! mon Dieu soyez galant !. C'EST avec mes dix doigts que je jugeai, sordide, D'Y donner l'hallali dans un sublime élan. CEDER à cette chair fut pour moi l'Enéide ! LA montagne m'attend toujours vêtue de blanc, VIE intense des sens qui m'unissent à elle. EST ce la mariée qui vient d'un pas galant, UN bouquet dans sa main de givre et de dentelle ?
VOYAGEUR assoiffé, je suis cet indolent QUI songe à son destin, car sa pauvre escarcelle, LAISSE passer les ans, sans avoir vu, trop lent, TRAINER ainsi sa voie, en suivant cette belle.
SON chapeau et son voile couvrent son bien troublant, MANTEAU de fins cristaux telle une grande ombelle. DERRIERE sa voilette, son regard nonchalant, LUI, m'a conquis un jour, en parfaite Cybèle.
POUR caresser son coeur, j'ai dû, dans mon élan, EFFACER et ternir un autre amour fidèle. SES volontés extrêmes, m'ont laissé chancelant : TRACES d'un solitaire, insatisfait, rebelle.
CUEILLEZ ces quelques fleurs qui ornent les rochers, DES fins boutons de gels qui perlent aux touchers. AUJOURD'HUI ils sont beaux, demain ils seront morts... LES oeuvres éphémères s'oublient sans un remord ! ROSES de ces grands jours, beauté de ce matin, DE quels cristaux es-tu neige de mon destin ? LA pente qui m'attire joue t'elle sa revanche ? VIE brève d'un cristal dont dépend l'avalanche...
"Là où est la musique, il n'y a pas de place pour le mal." Don Quichotte - Miguel de Cervantès
LA rue était déserte et tremblait sous l'hiver OU la première neige avait mis son silence. EST - ce un délit majeur que peindre l'indolence, LA torpeur d'un pays qui n'a plus d'univers ?
MUSIQUE, ô chant divin, anime leurs travers ! IL chante dans mon coeur un air plein d'insolence. N'Y ferez - vous point cas, hommes sans excellence ?, A force de subir, vous serez à l'envers !
PAS de peinture, donc, puisque j'ai eu l'atteinte DE montrer au soleil la mort par une teinte. PLACE à la mélodie au fond de mon caveau !
POUR tout papier, je n'ai qu'un fenestron d'enceinte, LE jour y entre peu, reclus tel un dévot, MAL traité, mais je joue, sur chaque caniveau.
POURQUOI n'ai-je pas bu son breuvage modèle ? FAUT-IL être bien sot pour avoir su et vu BRISER le carafon de mon amie fidèle !
CE vin me fut versé au fond d'un imprévu VERRE en pâte de Bohême au pied rond en chandelle. SI blond que fut ce musc, j'en fus assez pourvu !
FRAGILE, tout d'abord, son parfum d'asphodèle QUI piquait mes muqueuses m'avait fort dépourvu ! DONNE de si bon coeur, je bus avec Adèle.
A peine eu -je goûté, qu'une idée de bévue, L'AMITIE y aidant, me fit un vrai rebelle : SON corsage posait comme pour la revue.
DOUX comme un papillon, je pris sa main si belle. SON bras, brusqué trop fort, fit choir comme prévu DE la table le tout, gâchant la bagatelle. CRISTAL et grand dégoût brisèrent l'entrevue !
LA rose, ce matin, venait de s'éveiller, PLUS douce que jamais avec son teint de pêche, BELLE comme un soleil et l'éclat qu'il dépêche... FILLE née des cieux, là pour émerveiller !
DU sommeil de la nuit, d'un temps trop tard veillé, MONDE obscur et fermé, la fleur ourla sa mèche, NE conservant sur soi qu'une odeur trop revêche. PEUT - on vivre recluse et couverte en veillée ?
DONNER de son parfum quand la rosée ne lèche QUE son corsage éclos est vraiment très pudique. CE qui l'est beaucoup moins, c'est qu'elle en soit moins fraîche...
QU'on ne s'y trompe point, sa corolle en est rêche : ELLE vit chaque jour un plaisir très ludique, A force de s'ouvrir, la belle est impudique ! Graissez un plat en terre avec du vrai gras d'oie. Rappelez-vous qu'il faut répandre cette graisse Avec le plus grand soin, et même avec un doigt !
Terminez en posant un peu d'ail sans largesse. Il est recommandé un four au feu de bois Ne serait-ce que pour le parfum qu'il nous laisse.
Descendez à la cave et prenez quelques noix Avec également, en plongeant dans la caisse, Un très joli paquet de patates de choix !
Pelez les finement, coupez les, sans paresse, Harmonieusement, en lamelle, sans poids : Il faut trancher très fin chacune avec prouesse.
Nappez le fond du pot en étant fort adroit, Ordonnant les morceaux, et versant sans mollesse Intimement le lait, crème et beurre grivois Sans oublier un oeuf, et du râpé sans cesse. que les pommes en terre cuite ! Alphonse Allais - Sonnet "estrambot" LES meilleurs moments pour caresser les belles POMMES sorties du sol, sont vers la fin de l'été. DE chacun des beaux plants, sachez bien pelleter TERRE et cailloux mêlés, pour mieux voir les rebelles.
CUITES sous le zénith, leurs coiffes en ombelles SONT desséchées, et puis, choient sans difficulté, TELLEMENT tout s'effrite avec facilité. PLUS un moment de doute pour prendre les Cybèles.
FACILES à sortir, étendez les sur l'herbe A même le sol nu, en caressant leurs peaux. DIGERER vos efforts, torses nus au soleil.
QUE les patates soient bien lisses et superbes. LES claies accueilleront ensuite et sans repos POMMES et tubercules serrés sans appareil.
EN chacun des repas, vous les prendrez imberbes, TERRE et peaux enlevées, pour de plantureux pots. CUITE à l'huile ou à l'eau, elles sont sans pareil! |
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