L'enfant perd ses dents et d'autres les remplacent.
Et son esprit s'accroît. Sept ans encor se passent
Et son corps florissant se prépare aux amours.
Trois fois sept : sa vigueur va grandissant toujours
Et sur sa fraîche joue un blond duvet se lève.
Sept encore : il est mûr pour les travaux du glaive ;
Son esprit et son corps sont tous deux accomplis.
Cinq fois sept : il est temps que vers de juste lits
Il tourne sa pensée et choisisse une femme.
Six fois sept : il a su, enrichissant son âme,
Vivre, penser, combattre, obtenir, s'efforcer ;
S'il le fallait, sans deuil il pourrait renoncer
Aux biens trop éloignés, au but peu accessible,
Content dorénavant de jouir du possible.
Sept fois sept, huit fois sept : son aisance est suprême ;
Il s'impose à autrui, il se connaît soi-même ;
Neuf fois sept : tout en lui a gardé sa fierté,
Mais sa voix au conseil est désormais moins sûre,
Il sent diminuer sa vieille autorité.
Dix fois sept : de la vie il a pris la mesure :
Il va pouvoir dormir avec sérénité.
Poème traduit du Grec par Marguerite YOURCENAR
Cité dans Philon, Sur la Genèse, 24.