En Octobre, on fête
NARCISSE, nommé évêque de
Jérusalem à 100 ans, en l'année
195.
Souvent Narcisse est présent
dans mes interventions et mes initiatives, même lorque
j'ai feint de ne pas le montrer... Tous , nous sommes en
demande de reconnaissance et d'un beau reflet de
nous-même !!! Ca commençe toujours à
l'adolescence, quand on fait le malin devant les filles ! Si
je n'en avais pas été éloigné
par une approche d'interdits de pension, à
l'époque, j'aurais sûrement recherché la
conquête facile de tous mes rêves
habillés en femme! Un Narcisse au milieu des jonquilles
! Cela m'a
peut-être manqué à un moment de vie. La
communauté veillait à mon
épanouissement et je rêvais d'idéal, de
croix d'honneur, de prix de fin d'année et des
premières places en classe ou en compétitions
sportives... Mon inexpérience de Don Juan, dans le
merveilleux au féminin, ne comblait pas mes
espérances ! Mais un vrai Narcisse ça ne vit
pas sur terre, ça rêve devant des miroirs
d'eau... Mes rêves étaient trop
éthérés pour agiter les mares les plus
diverses, qu'elles soient claires ou
"marécageusement" brouillées. Je me suis
laissé souvent envahir par les herbes et les boutons
d'or. Narcisse dans l'âme, j'étais plutôt
un poisson de l'ombre avec tout de même quelques
pirouettes ou quelques coups de queue hors de l'eau pour
marquer ma présence. Il fallut un long temps pour me
tourner la tête ! Cela s'est fait assez tard !!!
La renommée m'aurait peut-être perverti.. Il
n'en fut rien. La satisfaction d'un petit plan d'eau m'a
souvent bien servi pour contempler mon personnage devant la
sympathie amusée des grands qui me faisaient de
l'ombre.Je crois, présentement, que tout cela a
été ma chance pour ne pas surestimer ma
personne et m'essouffler à les suivre ou à les
servir. Je suis resté fidèle à
moi-même... libre dans mon petit espace...
c'est toujours mieux qu'un
grand chez les autres. Cela
m'a évité bien des combats, des malveillances,
des malversations et des compromissions qui mènent
aux victoires avant les mises en examens et les regrets.
N'ayant pas vécu une "illusion de grand", j'ai pu
trouver la sérénité en évitant
la superbe et parfois la rancoeur de ceux qui, vieillis,
prennent leur entourage présent pour un panier
d'imbéciles ou de crabes ! Le destin a voulu que mon
environnement plus restreint m'aide à me remettre en
question. Je suis destiné à faire plus de bien
par ma discrétion et mon silence, que par mes
bavardages. La plume me sert mieux que mon franc-parler.
Ceux qui s'agitent autour de moi s'étonnent parfois
de mes silences, encore trop rares! Ils pensent à
l'approche d'une certaine sénilité qui se
cache au monde. Il n'en est rien. L'Esprit qui m'habite me
fait vivre une dynamique sans excès, avec un certain
recul qui n'est pas une désertion de vie.
Le monde, ma famille, mes
amis, ne m'ont jamais été si proches au coeur.
C'est "l'autrement" qui dérange et mon silence n'est
pas hostilité envers tout cet étrange
environnement qui s'agite. Je n'ai pas à supporter
une révolte ou une contestation morbide que je
contiens encore quelquefois. On ne change pas le monde, on y
ajoute quelques grains de sable qui bloquent encore les
engrenages, mais la plage s'ouvre sur le grand
large. Le retour sur
moi-même, humain invisible parmi les humains, n'a pas
étouffé le Narcisse que je reste, lorsque je
m'habille le coeur et le corps, chaque aurore, pour me noyer
dans la foule, sans en mourir !
Narcisse est mort de trop se pencher pour contempler son
image dans la mare où il passait souvent. Les autres
l'ont peut-être poussé de côté par
jalousie... La
plénitude de l'Esprit m'a toujours fait relever la
tête vers l'azur du rêve et l'approche d'une
spiritualité qui me ressource de jour en jour sans me
couper des autres. Je dois prendre soin d'eux, à leur
insu, sans les déranger dans leur course,
différente de la mienne. (Facile à dire !)
Sans retrouver présentement une vraie communion de
fidèles, j'ai quitté la grande nef, mais je
conserve ma modeste chapelle latérale.
Dieu merci, je poursuis un
chemin de lumière plus discret mais aussi chaud et
aussi fort que la petite flamme d'une
bougie. J'étonne
encore, j'étonnerai toujours ! Car on ne se
méfie plus! ...Rien n'est éteint, on s'y
brûle encore, quand on passe la main dessus pour
l'éteindre. je me réchauffe dans un rêve
divin au contact de la réalité des autres.
Au fond du coeur, je suis toujours un curieux petit Narcisse
! Je souffre encore des autres narcisses qui passent
à mes côtés, indifférents!!! Mais
que la mare de la vie reste
belle pour moi quand je vois ses nénuphars et tous
ses habitants! J'aime regarder la beauté dans le
regard des autres, dans l'amour, dans la joie et la paix. Je
supporte encore très mal la poussière
guerrière des affreux "extrêmistes" qui
m'étonnent par leur mal-être ou leur
perversité morbide. Je ne puis me résoudre
à me couler dans les marais de
l'indifférence.
Il me reste tant à
m'émerveiller ...
J'écoute, en silence, tout ce qui me questionne dans
ce monde si beau et si bête à la
fois. Je me trouve encore,
sur cette terre, comme le dit Jacques Brel en chanson,
"beau, beau et con à
la fois !"
Moi Narcisse, grâce à
l'Etre qui m'habite? .... Plus que jamais ! P.F.
"Voyageur ailé qui
peut voler haut dans le ciel des idées mais que ses
ailes de géant empêchent de marcher...
Exilé sur le sol ! ( l'Atbatros ...Charles Beaudelaire )
©léonard
Poème
de Narcisse (clic)
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