SEPT POƈMES








La Rouille du Temps



La rouille du Temps parachève l'oeuvre
Des amours déconstruites malgré elles
Abandonnées à elles-mêmes dans les ailleurs
Des amants séparés dans le présent composite
Des architectures en ruine


Le fractionnement n'est que parcellaire
Pléonasme de l'éloignement subtil
Tribut du sang, désertion planétaire
Agir est le mot d'ordre pour vivre tranquille
Les amants en paient le tribut


La nuance est infime aux frontières
Paradoxe de l'humanité guerrière
Souffrances, morts, plaies
Au coeur, au corps, à l'âme, il plaît, leurre
Les amants pleurent


Toujours recommencer les mêmes erreurs
Voilà le mot d'ordre des humains fous
La Sagesse n'est pour eux que religion-prétexte
Croyances pour lesquelles on s'extermine
Les amants sont séparés





La rouille du Temps ne viendra jamais à bout
De la mémoire, de la mémoire-palette
Embellie de l'arc-en-ciel
Des amours belles
Aux jours-désirs et folles nuits
Des amants heureux





Et l'amante tend une cassette d'or à l'amant :

« Emporte-moi avec toi !»

Dans ses ailleurs, il ouvre la cassette d'or et lit :





Je te coucherai
au creux de mes mains
pour voir ton visage
plus près de mon amour.
Je te noierai de mes eaux
afin que l'éternité
n'assoiffe jamais
notre joie d'aimer.





Ferme les yeux
Mon adoré !
Ferme les yeux !
Revis en pensée
Nos passions
Nos coeurs tendres
Nos corps en action !
Ferme les yeux !
Aimons-nous
À distance !


L'amour est la réjouissance
de la chair
habitée par l'absence.





En attendant que tu reviennes
je dormirai sur le seuil du soir
Remonte le courant
que je sente ta main
recommencer le monde !





Ce ventre enfiévré à tes mots
peut souffrir mille maux
dans la seule espérance
que tu reviennes de ton errance





La page blanche du silence
de nos amours-distance
a été griffonnée par nous
à l'encre sympathique.
Langage encodé
Mots gardés secrets
Encryptés à jamais





À ta fontaine, j'étanche ma soif
À tes fleurs, je me parfume.
Dans tes hautes herbes, je t'aime
Dans tes nuages, je rêve





Extase sublime infusée.
Parfum essence de vie.
Sentir monter la marée
De nos amours inachevés.





Les forces occultes donnent naissance
aux rêves les plus fous
t'ont rappelé mon Oiseau Vermeil
avant la saison prévue





Les mots que j'écris s'accumulent
Les mots que tu m'écris aussi
Nous en ferons un opuscule
Opus de notre vie !





Comme l'oiseau en saison froide
j'émigre de mon corps
je n'ai plus faim, plus soif
que de toi, qui reviendras au printemps annoncé





Tu es l'opale de ma vie
mon diamant brut
le soleil de mes nuits
ma soif infinie, mon amour





Tu es l'Alpha et l'Omega
tu es mon tout, mon homme à moi.
Je suis tes Amours de Ronsard,
ton Ode à toi





Ces mots, je les ai écrits pour toi
Je dessine tes lèvres à la noblesse d'un baiser





Ode©
29 novembre 2002





Être femme avec vous



Pierre précieuse de femme
Depuis le début des Temps
Pour vous - fabuleux amalgame
Aux adorables recommencements


Elle est naissance des toujours
La première rêvée
Elle est pérennité de l'amour
Votre dernière levée


Le volcan de l'attirance tendre
Sous son coeur explose
La puissance du magma et des cendres
Étincellent à l'aube de l'apothéose


La puissance du feu en son sein
Femme de neige et de sables chauds
De délires énamourés en ses reins
Des précieux métaux, le touchaud


Elle aime en son corps de braise
À mouler ses hanches
Dans l'attente de votre tendre caresse qui apaise
Aux formes de la naissance blanche


Où dort aussi le oui charnel
Qui vous noiera de sa soif infinie
Et de son souffle allongé dans l'affectueux duel
Vous fera l'offrande d'une noble agonie


*~*~*

Quand les sources passeront
Au feu des tendres silences
L'Ange remplira de bleu l'horizon
Pour y éclairer notre semence


Naîtront enfin les fruits chauds de la terre
Enceinte du soleil de mai
Serons heureux enfin en ce généreux parterre
Tous les deux à tendrement s'aimer


*~*~*


Ode©
15 mars 2002





Toi ma Cinquième Saison



Douleur et joie d'aimer, noyer ma soif
Aux éternelles fontaines de tes jardins

*

Fontaines de symboles et de fables
Fontaines aux fleurs qui s'éveillent

*

Tiens les portes ouvertes de ton paysage
Dans tes bassins j'y tremperai mes pieds

*

Ouvre le portail de ta grande maison
À ta table je ferai honneur au repas offert

*

Orne ta couche de draps de tissu fin
Mets au chevet les aromates de ton pays
Fais brûler les encens les plus précieux
Et que ton amour me dénude
Et que ta caresse me vête

*

Que ton coeur contre le mien délire
Qu'à mes eaux il éteigne son feu
En cette grande nuit blanche des corps
Entourés de lune d'or et de bleu
Flot de la mer et rythme de la flamme


*

Ô toi ! Ma cinquième saison
Ma rafale de sable, mon reflux de vagues
Mon intemporel au levier des amours sans âges
Mon précieux amour, mon infinie tendresse
Mon oiseau fou, mes murmures, mes silences, mes cris

*

Je t'aime !

*

Ode©
29 mars 2002





Mesure du temps


Survivre des nuits à attendre tes jours
Où s'acharne l'absence
Où la vie n'est que journées sans fin
Qui s'allongent une à une

Seul l'espoir du retour prochain
Traverse le champ de mon âme
À bout de souffle
À bout de marche
En quête de nous
Ensemble

Imminent ce jour annoncé
Heureux et mystérieux secret
En quête d'un miroir qui te reflète
Nous reflète en mille facettes
Luminosité du vitrail
Rosace de notre cathédrale

Palpitation des instants
Mugissement du présent
Du roc des amours belles
Aux granules du sable des plages
Des hautes marées de peines
Aux hautes marées de joie

Et tu me conduiras au rythme des saisons nouvelles
Au rythme des soleils et des lunes
Jusqu'à l'infini point de fuite
Jusqu'à l'ultime frontière du temps
À basse marée des silences
À basse marée des sens
Et dans la mer bleue des passions
Nous y baignerons


Nous mesurerons le temps
À la démesure des marées
Et à la mesure de nos amours
Afin de mieux goûter notre bonheur
Car les aiguilles du pendule sont folles
Et font fuir les précieuses heures
Comme rivières se jetant dans le grand fleuve
Pour s'y noyer à jamais

Et que veille l'affective mémoire
À la stèle du temps
Moments heureux inscrits
En nous d'éternité
Et que veille le feu permanent de la lampe
Au chevet de notre ensemble
D'un seul tenant
Dans le pas heureux des jours, soudé


Ode©
27 mars 2002





Âme ma soeur âme


 Il est né, le poète
Dans des draps d'organdi bleu
Dans des rêves de velours émeraude
Dans des reflets de soie dorée


Âme ma soeur Âme
Que je ne voyais venir
Dans les Étoiles de la Dame
Je n'ai pas lu l'avenir


Je te célèbre poète
Aussi, ta poésie
Tes chante-lendemains
Tes chante-la-vie


Des sonnets qui rythment bien
Des alexandrins pour combler ma faim
Et pour la route, des textes fins


À contre-jour
À contre-filets
Tu funambules sur tes éphémères
Parapentes au-dessus des mers
M'emporte avec toi
Ritournelle
Et si des anges, tu avais les ailes
Âme ma soeur Âme
Tu m'enlèverais au ciel ?


Tes mots sont une offrande dans le calice de l'abandon
Sur l'autel de tes passions
Âme ma soeur Âme
Comme j'aime te voir venir !


Âme ma soeur Âme
Comme j'aime te lire !



Ode©
17 octobre 2001





Berce-moi



Berce-moi, prends-moi tout contre toi
Que je pose ma tête sur ton épaule
Berce-moi, dis-moi des mots tendres
Des mots qui consolent la petite fille en moi


Berce-moi de ton amour-velours
Embulle-moi de tendresse, de toujours
Berce-moi, sèche mes pleurs
Apaise-moi, soulage mon coeur


Berce-moi, chante-moi de doux accords
De ta belle voix, fais-moi des roucoucou
Berce-moi, tiens-moi au chaud contre ton corps
Donne-moi un baiser là, au creux de mon cou


Berce-moi, emporte-moi dans tes bras si forts
Jusqu'à notre nid douillet, à nos draps d'or
Berce-moi de tes caresses savantes
Emporte-moi loin, en ce lieu qui enchante


Berce-moi, mon amant, envolons-nous
Vers d'autres cieux, tels des oiseaux fous
Berce-moi, dans nos draps-câlins
Jusqu'à l'heure bleue, jusqu'au petit matin


Berce-moi, mon bel et tendre amour
Pose tes lèvres sur mes lèvres là, au coin
Berce-moi, envole-moi, reste en moi toujours
Et vaguent les océans au creux de mes reins


Berce-moi encor et encor
Ma douceur, mon ange aux ailes d'airain


Ode©
9 janvier de l'An Deux





Entre la nuit chaude
Et le beau temps



L'heure bleue - l'heure où l'oiseau chante -
Dans l'alcôve tout est odeurs et parfums flous
Des heures nous y sommes lissés à la calandre
Nous deux, seuls au monde, les amants fous


Le lit défait - témoin de nos fougueux ébats -
Et tu glisses encore ta main sur ma peau
Y laisse signes et empreintes, ton sceau
Encore une fois, amant, je t'ouvre mes bras


Les draps humides de nos intimes jeux
Nous accueillent de nouveau pour un moment
Et tu me fais mille choses que toi seul, amoureux
A le secret et la manière, ensorcelant


Ainsi l'Amour peint sa palette de couleurs
Entre la nuit chaude et le beau temps
Et l'oiseau vient à la fenêtre, il est l'heure
De l'indicible instant, du cri libérateur


Entre la nuit chaude et le beau temps



Ode©
16 janvier  2002





Et si tu venais...



Et si tu venais avant la chute du jour
Mon grand oiseau de lune
Que tu me prennes avant que le soleil se couche
Mon grand oiseau de rêve

Et si tu venais caresser ma main asséchée par ton absence
Mon grand oiseau de soleil
Que tu me rendes belle juste par ta présence
Mon grand oiseau de mer

Et si tu venais vivre jusqu'au bout de ma vie
Mon grand oiseau fou
Et si tu venais tuer le chaos de ma nuit
Mon grand oiseau d'étoiles

Et si tu venais jusqu'au bout de mes rêves
Jusqu'aux voiles de mon navire
Jusqu'au confins de ma lune
Jusqu'au bout de ma folie
Jusqu'à mon Étoile
Et si tu venais
Amour


Ode©
16 février 2002






©
Oeuvre de Ary Shever 1835


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