ODEURS VANILLE










Impressions exotiques


C’était dans l’air
Une fleur
Un parfum 
C’était dans l’air


Dans la clarté du matin

Je vois…
Le lagon d’argent
Une île sous le vent
Une voile dressée
Un drap de coton blanc 
Froissé
Et sur le lit défait
La fleur d’orchidée

J’entends…
S’élever un chant
Un oiseau ?
Peut-être un enfant
Un rythme très lent
A mon oreille
La mer
Prisonnière
D’une gousse de mystère 

J’ai sur les lèvres
La saveur
D’un baiser salé

A mes mains
La caresse
D’un corps aimé

Sous mes pieds
Quelques grains 
De sable doré

C’est une fragrance 
A peine un frémir
La fulgurance 
D’un souvenir


Elle dansait nue sur le rivage
Dans l’aube immaculée
Était elle réelle ou mirage
Je ne sais…

A son cou des fleurs tressées
Ondulaient au pas de sa danse
A sa cheville des bracelets
Embrasaient les chairs du silence
 

Aux flamboyances de son corps
Se mêlaient les ombres du jour
Irradiant de longs reflets d’or
Sa peau de bronze et de velours 

Sa danse était presque mystique
Au delà des hommes et du monde
Et les fragrances exotiques
Répandaient une paix profonde


Une opalescence
S’irise de mauve
Un voile 
Un mystère
Une mousseline
Légère 
Que le vent soulève

Sur la grève
Le chant
Lentement
Décroît puis se tait


Une pause
Un soupir
Un frisson
Un languir

Puis…
Tout s’évanouit
Dans la grisaille monotone 
D’une journée d’automne
Ici


C’était dans l’air
Un parfum 
Peut-être une fleur
C’était dans l’air


Régine Foucault©




Créole


Foulards et madras. Foule bigarrée.
Sous le chaud soleil qui ravit les cœurs,
Le marché créole, à l'île dorée,
Sur tous ses étals offre ses senteurs.

Dans de grands couffins sont à régalade
Des poivrons ventrus au corsage roux,
Le clou de girofle et la noix muscade,
L'amer curcuma et le piment doux.

La douce vanille à l'arôme tendre
Prête son odeur au rouge safran.
La blonde cannelle et la coriandre
Répandent dans l'air leur parfum troublant.

Dimanche, j'irai. Je ferai l'emplette 
D'un peu de carry et de poivre en grains.
Pour l'heure déjà danse dans ma tête
La ronde fleurie de tous les parfums.


Renée Jeanne Mignard©




Rêve de parfums exotiques



Au clair matin du jour chargé de soleil sur mes plaines
Je regarde les cieux, sourie, m’apprête, preste
Et je vais boire ailleurs les eaux de la fontaine
En soupirant vers qui me viendra de l'Est

Mon pays est de ceux où baignent les ambres
Aux désirs antiques venus d’inatteignables chambres

Il est un pays imaginaire, il est un pays, mon pays secret
Celui que j’habite en tout temps, seule, sans nul regret

~*~

Des orfèvres de là-bas cisèlent des légendes
Filets entremêlés aux parures les plus rares
Esquisses de trophées d'or, belles offrandes 
Corbeilles fabuleuses où mon désir se pare 

~*~ 

Voici venir celui qui surpasse les ors
Précieux à jamais, tellement désirable
J’incline vers lui, il porte des trésors
Depuis toujours j’en connais la fable

~*~

Je suis moite du parfum de vanille dont suintent mes paumes
Qu’à la seule idée il viendra, son navire chargé de présents
De livres, de cuivres et d'étoffes de tous les royaumes
Enfin, il sera là le conquérant, il sera là mon amant

~*~

Il embaumera des encens les plus rares
Et sur nos chairs enlacés là où l’âme bat
Ravissant, superbe, qu’à nul je ne le compare
Les étoiles et la lune seront témoins de nos ébats

~*~

Nous serons sans nul pareil ainsi sera notre alcôve
Dévoilant mon ventre ivoire et mes seins d’ambre
Unis dans un charmant ouvrage comme des fauves
Dans les tendres effluves de vanille et de gingembre

~*~

Que de délicatesse noble et de grâces jolies
Ferons bombance d’amandes et de miel vivifiant
La figue, la mandarine se feront au soleil de nuit
Ainsi triompheront nos plaisirs ardents 

~*~

Mais la longue attente est amère à ma couche
Le désir brûle en mon ventre et mon sein
Que vienne le jour où il viendra y poser la bouche
Plaise aux dieux de ne me réserver un cruel destin

~*~

La rencontre de nous deux est exigeante au fil du temps
Une brume épaisse et floue le dérobe à ma face
Se dénouent mes cheveux en de longs flots rougeoyants
Sur mes épaules nues que seule la lune cette nuit embrasse

~*~

Vents d’Est et du Nord, soufflez vers ma couche
Conduisez mon cher amant dans mes draps de cannelle
Qu’il me couvre de son ombre et de sa bouche
En ces odeurs de nous que le désir emmêle

~*~

Mélange de rêveries aux odeurs de vanille et parfums exotiques 
Rêveries nordiques pour pays chauds, pays des amants
Magnifique voyage aux odeurs portées par les vents antiques
J’y reviendrai encor car ils varient avec le temps



Ode©




« Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, 
l’odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage » 

Ch. Baudelaire (Un hémisphère dans une chevelure)


LAISSE – moi t’approcher, te regarder encor,
MOI qui ai toujours su rester beaucoup trop sage,
RESPIRER dans ton cou les bouts de ton corsage…
LONGTEMPS j’ai désiré caresser ton beau corps,

LONGTEMPS j’ai caressé le désir d’un record !
L’ODEUR de vanille et celle du doux brassage
DE parfums exotiques me lancent un message :
TES hanches et ton dos me veulent pour décor…

CHEVEUX fous, les seins nus, tu épices ma vie ;
Y songer et te voir me forcent à vouloir
PLONGER mes mains sur toi jusqu’au bout de l’envie…

TOUT ton être n’est plus qu’un charnel avaloir,
MON cœur s’y brûle en vain, seul dans son isoloir :
VISAGE défendu aux vapeurs d’eau-de-vie…


Robert Bonnefoy©




Sans titre


Tout se bouscule et s’entrechoque
Mon corps se tord et se plaint
La désintox me rend fou!
Je suis loque humaine
Prêt aux pires bassesses
Pour fuir loin de ce sevrage volontaire.
Qui a donc décidé du bon et du mauvais ?
Qui m’a fait croire que la fumée me rendait libre ?

Dans ma tête, y’a la guerre
Je hurle en silence mon besoin d’une drogue non-interdite
Je traîne mon manque comme vieille peau désincarnée
Je m’immobilise devant le comptoir du magasin de tabac
Si facile, si facile… Suffit d’aligner la monnaie,
De faire chanter le tiroir-caisse
Pour qu’à moi soit à nouveau la chose illicite…
Fuir, il faut fuir…

Dans la ville automnale, j’erre tel un junkie en manque
Moi le pauvre idiot qui les traitait hier de déchets humains
Me voilà devenu le pire d’entre eux, loque parmi les loques.
Je tuerais, je volerais, je vendrais mon corps et mon âme
Pour tenir entre mes doigts l’objet infâme
Je mentirais, j’agresserais des inconnus, je renierais mère et père
Pour avoir à nouveau droit à la fumée
Et n’être plus qu’une bouche qui aspire et expire

Mon corps frissonne pendant que je baigne dans ma sueur
De chaque pore de ma peau s’échappent les pires odeurs nauséabondes
Relents de mon désir coupable à vouloir absorber les pires poisons
Pour avoir chercher à apaiser mon corps en trompant mon âme.
J’ai la bouche sèche. Le cœur qui bat trop vite.
Je ne dors plus. Je ne mange plus.
Mes mains tremblent et j’ai des nausées écœurantes
Je me perds, je me dissous, je me noie…

Je ferme les yeux un instant
Je m’enfuis loin de tout cela
Je retrouve, oubliées, des odeurs de vanilles
Des parfums exotiques
Des arômes envoûtantes
Qui m’apaisent et me rassurent
Bientôt tout cela sera fini
Corps et esprits enfin libérés…


Bô Na©




Exotique


Depuis les premiers mois où j'ai senti l'amour
Monter du fond de moi, fleurir jour après jour,
Tout'une vie j'ai rêvé, désiré l'embrasser,
La garder près de moi sans jamais m'en lasser !

Et voici qu'une nuit, elle m'est apparue.
Je me promenais seul, perdu dans le lagon,
A rêver d'une étoile... je l'ai vue toute nue,
Ombre au milieu des flots, Sirène ou beau Dragon.

Elle s'appelait Cannelle, j'étais devenu homme.
Nous avons dégusté à la nuit le vin chaud.
Je l'ai suivie chez elle pour y croquer la pomme.
Dans un ciel lumineux, nous sommes montés très haut.

Le temps n'existait plus, point n'était besoin d'heure.
Un ballet de Geishas, transformées en Vahinés,
Et leurs colliers de fleurs aux multiples senteurs
Animaient nos amours de musiques endiablées !

Tout' une vie j'ai vibré, tout'une nuit j'ai rêvé
De ce grand corps à corps au-delà de la mort,
Dans ce vertige divin, l'ivresse rencontrée,
Perte de soi en l'autre, quand l'Amour est si fort !

***

Le soleil s'est levé... avec mes yeux ouverts.
Dans les champs embrumés s'évaporaient les filles.
Orphée à mes côtés me sauvait des enfers
Il me restait encore des parfums de Vanille !


Ce rêve fou passé,
Au vin chaud de Cannelle,
Ne s'est jamais cassé.
Le jeu vaut la chandelle !

Pierfetz©




El Corazon, El Caudillo... 

C'était en 1978, le gouvernement cubain avait lancé sa plus forte campagne touristique sur le sol québécois via son Agence Cubana Tours. Jamais destination au Sud n'avait été aussi alléchante en matière de prix et de propositions exotiques. 

Beaucoup de gens éprouvaient encore de la réticence à mettre les pieds sur un sol communiste et de plus, les Douaniers Américains vous regardaient d'un mauvais oeil en voyant le tampon Cubain sur votre passeport lorsque par la suite vous aviez à l'exhiber pour une destination telle Porto Rico et autres États et Territoires de leur République. 

Heureusement, comme toujours, je n'avais que faire de la politique Américaine et même internationale. J'avais vaguement vécu la Révolution Cubaine dans les journaux de l'époque, la Baie des Cochons, Guantanamo, la Crise des missiles, l'intervention en Angola et bien d'autres faits de la vie cubaine, la plus jeune « colonie » marxiste-léniste de l'après-guerre. De même j'avais beaucoup lu sur Fidel Castro ; il me tardait de visiter cette île libérée de son Battista corrompu et des sbires de la pègre internationale et américaine. Qui sait, peut-être aurais-je même la chance d'entrevoir ce Président encore vénéré par l'ensemble de ses concitoyens. 
C'est un dimanche après-midi d'avril que nous quittâmes Dorval à bord d'un Ilyushin de Cubana Airlines. À cause de l'interdit de vol du territoire américain, nous avons dû remonter vers Terre-Neuve et longer ensuite les côtes atlantiques nord-américaines pour atteindre la Mer des Caraïbes et mettre enfin le cap sur Cuba. Dès l'atteinte du palier de vol en haute altitude, nous avons pu goûter à l'hospitalité cubaine par un généreux cocktail fruité servi par les hôtesses de bords, puis, un repas succulent de jambon et poulet aux épices du pays. Il y avait du soleil à bord dans le service aux passagers ; le voyage s'annonçait aussi exotique que la publicité de Cubana Tours. 

Quelques heures plus tard nous atterrîmes à La Havane où les modalités d'accueil furent rapidement expédiées par les douaniers et nous pûmes monter dans les cars qui nous étaient assignés pour chacune des destinations de groupe ; c'est dans celui de Varadero que je montai. Le nouvel aéroport étant plutôt en périphérie, je n'eus guère la chance que d'entrevoir la Capitale et ses rues coloniales ; toutefois les dire des anti-tourisme-cubain étaient complètement mensonger : peu de bannières révolutionnaires et peu de photos du « Presidente ». À cette époque, Cuba ressemblait encore plus à notre Amérique des années '50 avec ses routes secondaires étroites, sa campagne assez pauvre et ses vieilles bagnoles de nos parents que l'on ne trouvait plus guère que chez le ferrailleur chez nous. Étonnamment, leurs propriétaires savaient les faire rutiler comme des neuves et ruser de finesses propres aux pilotes de courses pour ne bas les abîmer en carambolage les uns contre les autres dans leurs courses folles et téméraires. 

C'est sans encombre que nous parvînmes enfin à Varadero et l'Internationale Hôtel, vestige du gangstérisme et de la prostitution converti en honnête quatre étoiles cubains pour les touristes. Varadero n'était toujours qu'un grand village en bordure de mer avec ces kilomètres de plages de sable blanc. Au menu des activités : la plage, les parties de foot, la piscine, la plongée, les grottes, les champs de canne à sucre, le rhum blanc et brun, les B.B.Q sur la plage en soirées, le Cabaret et la joie de vivre des cubains, etc. Au menu de table : du poulet, du jambon, des oeufs, du poulet, du jambon... à toutes les sauces pour quelqu'un comme moi qui ne daigne pas croquer une crevette et tout autre de ses congénères marins ... 

Un jour une belle grosse tortue de mer, bien dodue, fut capturée par les gens de l'hôtel et apprêtée au B.B.Q. du souper... et je dû encore et toujours déguster le jambon et le poulet. 

Contrairement à ceux qui avaient choisi les « villas » sur la plage, aucun visiteur reptilien ne visitait nos chambres d'hôtel, une compagnie que je n'aurais guère appréciée. 

Dans ces jours de farniente je me suis bien quelquefois trempé dans les eaux chaudes de la mer, mais c'était toujours avec réticence à cause des croûtes de sel à gratter sous la douche et de troublants appels des surveillants de plage lorsqu'un mystérieux aileron flottait au large ; faut comprendre que les « Dents de la mer » m'avaient assez impressionné... 

J'étais donc de ce genre de touristes assez terrestres pour visiter des lieux historiques et autres attractions du pays plus qu'amateur des eaux bleues des Caraïbes; aux tubas-touristes la plongée et autres beautés marines et à moi l'Histoire, les vieilles Cabanes des Espagnols-colonisateurs et les « progrès du communisme sous la poigne de Fidel ». Ma première excursion sur le sol de ce Cuba moderne fut une marche jusqu'au portes du Camp russe où les permissionnaires de l'Armée Rouge profitaient eux aussi des plages et douceurs cubaines. À quelque trente pieds des dites portes je fus stoppé net par une patrouille qui m'intima clairement dans un anglais à saveur de cannelle l'ordre de rebrousser chemin d'où je venais ; « Ah ben ! C'est vraiment interdit de s'approcher comme le disait en quatre langues les pancartes... et moi qui pensais pouvoir rencontrer les dignes représentants de la Sainte-Mère Russie Rouge ! » Non, non ! ils furent souriants et polis ! comme quoi les devises fortes étaient plus nécessaires à l'économie cubaine que de chasser les touristes en les effrayant. 
Rassurez-vous, je ne vais pas vous raconter en détail les dix jours de ce voyage, vous en mourriez de lassitude. À cette époque vous ne vous déplaciez qu'en groupe et avec une destination très précise et de plus, votre passeport était « détenu » dans le coffre-fort de votre hôtel jusqu'au matin de votre retour à la maison. Vos destinations étaient donc assez limitées et la circulation des touristes discrètement (mais constamment) surveillée. 

Malgré tout, rarement voyons-nous des soldats ou policiers aux abords des zones touristiques. C'est ainsi que nous pûmes déguster un souper à l'Européenne dans la maison d'Hemingway, boire notre saoul de rhum brun, danser sous les étoiles et revenir bruyamment à nos chaumières sans le moindre ennui policier ; de toute façon je crois que les militaires préféraient ne pas croiser les voitures taxis circulant après la nuit tombée de peur d'abîmer leurs nouveaux transports russes. 

Toutefois c'est en autocar que nous retournâmes tous un soir pour un souper-cabaret à La Havane au plus ancien établissement du genre de l'île. Un spectacle... un spectacle grandiose, rythmé, lumineux, envoûtant que je n'oublierai jamais. C'est ce soir là aussi que nous avons tous pu constater la qualité du système de santé cubain. On nous avait avertis de ne pas demeurer au soleil entre midi et quatre heures de l'après-midi sous peine d'étourdissements, de déshydratation et maux de têtes ; une dame n'avait pas suivi le conseil et, en route pour La Havane, l'autocar dû la conduire d'urgence à la clinique d'un village où elle fut prise en charge. À notre grande surprise, à notre retour vers les 2 h de la nuit, l'autocar s'arrêta de nouveau à la clinique pour y quérir sa passagère, encore sonnée mais soignée, et la ramener à l'Internationale. 

Les contacts avec le peuple cubain étaient assez limités vu la langue, mais pas impossibles. C'est ainsi que quelques-uns cherchaient à acheter vos jeans et vos T-shirts, que ma compagne combla les yeux ravis de notre femme de chambre en lui faisant don de sa « robe paysanne » et quelques sacs de bas de nylon achetés à rabais et autres vêtements encore rares pour les gens du pays. Les pourboires ? Impensables d'en donner à cette époque ; vos pesos à l'entrée et à la sortie étaient contrôlés rigoureusement et nous devions tous enregistrer dans un carnet les transactions de paiements et achats effectués pendant le voyage en sol cubain. Le Peso cubain était inconvertible. Gare à celui ou celle qui se faisait prendre à l'aéroport avec plus de « dollars » qu'il n'en avait déclarés à l'arrivée. 

Aussi je m'inquiétais pour ce jeune torontois arrivé une semaine avant nous et devant repartir le même dimanche que nous car de ses trois ou quatre valises de voyage qu'il possédait il n'en aurait plus qu'une au retour ; il m'avait avoué avoir tout vendu à fort prix et avoir fait le voyage pour cette raison. En dollars d'époque un jean valait jusqu'à $ 250.00 U.S. ! 

Quant à moi j'avais bien rendu un petit service à un jeune couple cubain désirant acquérir une radio portative au magasin des touristes où ils ne pouvaient acheter, mais j'avais refusé leur $ U.S. leur offrant l'objet gracieusement, d'autant que le garçon était ce guide chaleureux qui nous accompagnait en autocar dans nos tournées. Ah ? Vous ai-je dit que les piquets de clôtures dans les campagnes cubaines repoussent en arbres ? En bordure des champs des clôtures, des kilomètres de clôtures et à chacun des faîtes de poteaux, une tête de jeunes pousses touffues d'un vert éclatant. Ça c'est du travail environnemental ! 
Et Fidel dans tout ça ? Eh bien justement le 1er mai fut la veille de notre départ et je pus enfin voir l'Homme de ma curiosité... livrant son discours à la Télé ; dommage j'aurais bien aimé lui serrer la pince. 

Et tous ces Viva ! et tous ces Cuba Libre ! Ça me rendait encore aussi ivre (le rhum brun aidant) que notre « Vive le Québec libre ! » 

Vanille, canne à sucre, salsa, cha cha, parfums, beautés, exotisme, Cuba... 

Et notre vendeur de jeans dans tout ça ? Les douaniers le séparèrent du groupe à l'aéroport et le départ en fut retardé d'une heure après quoi il fut reconduit à nous et surveillé jusqu'à l'embarquement; vu sa mine piteuse, je n'osai pas le questionner sur son « entrevue » avec les douaniers mais constatai qu'il n'avait pas même de bagage à main. 


Éloix©




Parfum de vanille aux napperons cramoisis


Vous souvenez-vous 
Elle était vêtue de gants blancs
La dame d'antan
Et son parfum de vanille exotique
Rêvait dans ses yeux
D’enfant


Vous souvenez-vous des parfums d’autrefois
Des odeurs 
Du thé de myrtille
Aux saveurs sauvages des bois 
Du feu dans l’âtre
De l’odeur du rêve sur un gâteau des rois.


Vous souvenez-vous 
De cette chaude pâte d’amande
Aux couleurs d’albâtre
De ce rôti 
Dont le fumet dansait
Jusqu'à l’alcôve 
Où l’on se blottissait 
Attendant l’heure magique


Elle nous recevait
Avec ses gants blancs 
Sa grande robe fleurie
Qui traînant jusqu'à sol 
Son parfum de patchouli
Et son bibi 
Voilée de tous les mystères


Et le thé sur la table ronde
Servi avec des gâteaux d’épices
Aux parfums d’Andalousie
Avec des napperons cramoisis


Vous souvenez-vous
Vous, belle dame 
Avec vos gants blancs
Votre sourire d’enfant


Vous aviez 
Huit ans
Dans la robe de votre mère 
Et son feutre des grandes occasions
Son parfum aux flammes exotiques
La tisane aux thés des bois ou aux myrtilles
Pour nous qui venions vous voir 
Dans la grande maison
Juste un peu avant le soir
Dans l’embrun de l’automne
Au temps des fenaisons


Vous souveniez-vous
Vous aviez des gants blancs
Un parfum de vanille
Aux airs d’antan
Mêlés aux bougies de roses 
Du feu dans l’âtre 
Des meubles anciens
Et l’odeur du souper qui trônait dans la maison


Quelqu’un jouait un air de violon
Et dans les silences on sentait
La chaleur nous prendre
Nous bercer 
Une odeur qui fait bon
Au cœur et au corps 
Et qui nous rappelle 
La mère


Vous souvenez-vous de ces gants blancs
Vous la belle 
Mon amour
Mon amie


Vous souvenez-vous 
Comme vous étiez belle vêtue de ces gants blancs
Vous, ma dame d'antan
Et votre parfum de vanille exotique
Qui rêvait dans vos yeux d’enfant


Vous aviez 
À peine l’âge des parfums
D’aimer
Vous la belle dame aux gants blancs 
Mais... déjà j'apprenais à vous aimer



Yves Drolet©






~ Créations de novembre 2004. Amis de Saison des Poètes© ~


~~ Création de la page par Ode© ~~





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