LES AMIS DE PIERROT ( SAVRA )

 

 

 

 

Enfant

 

Elle rêve ainsi du printemps

Des fleurs, de la terre et du vent

Et s'est tapie au fond d'une cave

Comme la salamandre dans une lave.

 

Son esprit bouillonne en silence

Dehors le vent gicle des étoiles de glace.

Elle est l'air que l'ébullition lance

Vers la paix d'un instant de grâce.

 

Un instant de grâce sur la berge

De deux mondes enveloppant l'étincelle.

Elle est liège, feuille ou nacelle

Ou bien encore mèche brûlée d'un cierge.

 

Mais en fait, pétale froissé, perdu

Elle glisse sans trop savoir, une fois de plus

Vers une terre si désirée, tant attendue.

Auquel elle veut croire, mordicus!

 

Elle a cru, elle croyait, oh! Elle ne sait pas

Et elle danse comme jeune gazelle

Vainement, car tout est vide sauf le coeur.

"Viens à moi, bel enfant, viens à moi

Mon bras t'attend..." et si réelle soit-elle

La promesse a des yeux moqueurs!

 

Elle a cru apercevoir les lueurs du jour

Et s'est élancée avec joie vers la lumière

Mais peine perdue, tout est vide sauf l'âme.

"Viens à moi, bel enfant, sur mon coeur lourd

Reposer dans mes bras..." et une solitude amère

Emplie de promesses la désarme!

 

  

 

 

Chanson enfantine

 

 

Rose... rose et blanc

Satin des coussins

Poils frisés des petits chiens

Rêveurs ou somnolents

Dans des paniers d'osier

Tout enrubannés.

 

Rose... rose et blanc

Satin des poufs ronds

Poils soyeux des chatons

Rêveurs ou somnolents

Dans des corbeilles d'osier

Toutes enrubannées.

 

Rose... rose et blanc

Satin des dentelles

D'elfes, de fées d'aquarelle

Rêveurs ou somnolents

Dans des cadres d'osier

Tout enrubannés.

 

Rose... rose et blanc

Si seulement j'étais un enfant

Dans un berceau d'osier...

Mais je suis enrhumée!

 

 

 

 

L'enfance

  

Si seulement d'un impossible désir

Le vase empli d'eau trouble pouvait

Goutte à goutte d'eau claire se ressaisir.

Si seulement le désir d'un désir se renversait.

 

Aussi noire serait la nuit

Aussi dense serait le vide

Aussi intense l'ennui...

Aussi immense et avide!

 

Et emporter dans ses ailes le jus des silences

Planer sur des océans bien trop bleus

Ou roses ou trop clinquants, si l'on peut,

Tout plutôt que d'abandonner l'enfance.

 

 

Savra

©

 

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