Mon Grand-Père

 

 

Je me souviens encore, des jours où mon grand-père,

Venait nous visiter, et séjourner chez nous, 

C’était un grand monsieur, d’allure militaire,

Je me sentais tout fier, assis sur ses genoux.

  

Il était presque chauve, une grande moustache 

Cachait son beau sourire, et ses yeux pétillants,

Exhalaient sa bonté, avec un grand panache ;

Malgré l’âge, ses traits, étaient très attrayants.

 

Il me parlait, souvent, du temps de son grand-père,

Témoignant d’une Europe en ébullition 

De la chute des rois, de l’empire éphémère,

De l’aigle qu’éleva la révolution.

 

Depuis ces temps lointains, le monde a vu des guerres,

L’essor de grands états, des bouleversements,

Colonisations par conflits sanguinaires 

De peuples subjugués par des détroussements.

 

Ce vieillard vit surgir de grands nouveaux empires 

Le faste des vainqueurs, leur pouvoir absolu 

L’abjecte pauvreté de ces peuples martyres,

Qui subirent le joug de tout peuple vaincu.

 

Il avait un amour intense pour l’histoire,

Qu’il me contait souvent avec précision 

J’admirai ces récits et sa grande mémoire 

Pour les crimes de guerre et de l’oppression.

 

Je crois que ces récits contre les injustices,

Ont laissé leur empreinte au fond de mon esprit,

Car je déteste encor l’extrême préjudice,

Qui, jusqu’à de nos jours, nous saigne et nous meurtrit.

 

Mon grand-père, vraiment, était un très grand homme 

Il m’a légué l ‘amour pour tous les opprimés,

Pour tous ces gens traités comme bêtes de somme,

Pour tous ces yeux hagards et ces corps consumés 

 

Dans mes rêves, souvent il revient pour me dire 

Qu’il faut passer la torche à mes petits enfants 

Mais ces petits enfants n’ont qu’un seul point de-mire 

Ordinataeur, télé, sont leurs seuls enseignants.

 

Qu’a-t-elle, donc, subi cette culture humaine 

Qui transmettait, jadis, aux générations 

Les valeurs du passé, de la loi souveraine 

Qu’il faut apprendre d’hier, les futurs des nations.

 

Adieu mon vieux grand-père, je garde ta sagesse 

Je la chéris toujours, comme un vrai talisman 

Après moi le déluge arrive avec vitesse,

Pour envoûter l’histoire dans son sombre caban.

 

   Christian Cally
13 Juillet 2003

 

***

Cette poèsie fait ressurgir bien des souvenirs...
Robert Bonnefoy nous parle de sa grand'mère après avoir lu le poème de Christian...

 

Ma grand - mère était belle sous les ans de ses rides

Avec ses cheveux blancs toujours très bien peignée,

Réajustant le col de son chemisier blanc,

Grisée par tant d'années de joies et de douleurs...

Une simple visite devenait gourmandise,

Et aimait les douceurs de chaque friandise.

Rien n'altérait sa joie et même quelques pleurs

Irisaient son visage au lieu d¹êtres accablants.

Tout son être vibrait quand ma vue l'imprégnait

Et maquillait d'un coup toutes ses belles rides.

 

 

Robert Bonnefoy

http://perso.club-internet.fr/robert.bonnefoy/

**** 

 

Ma Vieille Maison

 

 

Cette maison dans la broussaille,

Un rouge toit sous la grisaille,

Visage triste et délaissé,

Déplore son lointain passé.

 

Je me souviens de mon enfance,

Elle était pleine d’élégance.

Je vois encor ses beaux jardins,

Avec ses roses, ses jasmins.

 

Hélas, le temps et la distance,

Et ma coupable négligeance,

Ont delaissé le vieux logis,

Ce lieu de charme où je naquis.

 

Oh, souvenirs de ma jeunesse,

De jeux, de larmes, d’allégresse,

Ce patrimoine qui n’est plus,

Qu’un lointain souvenir difus.

 

Pour moi c’est un pélérinage,

De revenir au vieux village,

Et de passer quelques instants,

Entre les bras des bons vieux temps.

 

Cette maison de mon enfance,

A grand besoin de maintenance,

Mais ils me manquent les moyens,

De lui fournir des entretiens.

 

Ici s’arrête mon histoire,

Où je dépose ma mémoire,

Ce vieux foyer de mon passé,

Restera triste et délaissé.

 

Christian Cally

10 Novembre 2003

 

*****

 

Réflexions Crépusculaires

 

 

 

Je regarde la mer embraser la nature,

Elle étale ses feux, au loin, à l'horizon,

Qui sombrent lentement, jusqu'au dernier tison ;

Le crépuscule étend sa grande voile obscure,

Qui recouvre les cieux d'un sombre capuchon.

 

Je vois les feux d'argent des vagues écumantes,

Qui viennent s'échouer sur mon triste rocher,

Chaque vague s'approche et veut me reprocher,

Une vie attelée à des pages dormantes,

Avec des souvenirs que j'aimerai cocher.

 

Et comme le penseur de Rodin, je contemple,

Ces flots qui lentement s'essoufflent en mourant,

Balayant les galets, tout en se retirant,

Avec un cliquetis, qui s'annonce plus ample,

Quand la marée étend son bras belligérant.

 

Assis, ici, tout seul avec ma solitude,

Un grand kaleïdoscope envahit mon esprit,

Je revois mon passé qui comme un manuscrit,

S'ouvre devant mes yeux, avec mansuétude,

Et relache un torrent que j'ai, pourtant, proscrit

 

Perché sur ce rocher, un vent soudain se lève,

La houle enfle les flots qui se font ménaçants,

Et roulent au galop, de plus en plus pressants,

Pour venir s'échouer, en trombe, sur la grêve ;

Les embruns et le froid s'avancent mugissants.

 

Je descends, lentement, du haut du promontoire,

Comme cette marée, assaillant les galets,

Mes souvenirs aussi, comme des feux-follets,

Déferlent au présent, du fond de ma mémoire,

Pour venir s'échouer comme des mascarets.

 

Une vie, un trajet, un passage éphémère,

Qui s'achève en sourdine, après mes longs labours,

Sans amis pour m'aider à clore mon parcours,

De l'aube au crépuscule une salive amère,

Me rend indifférent au passage des jours.

 

J'ai parcouru pourtant, une longue existence,

Mon aveugle moteur était l'ambition,

Car j'avais pris, très tôt, la résolution,

Que rien sur mon chemin, d'une carrière intense

Ne viendrait arrêter ma progression.

 

J'étais comme la vague, écumant vers la rive,

Inexorablement, fauchant sur mon chemin,

Tout écueil qui pourrait menacer le destin,

Que je m'étais promis comme prérogative,

Mais qui me laisse seul, avec mon gros chagrin.

 

Je regarde la mer embraser la nature,

Et je vois mes reflets, comme dans un miroir,

Nous avons, tous les deux, pour venir nous échoir

Au pied de ce rocher, tenter une aventure,

Qui nous a essoufflé, nous laissant peu d'espoir.

 

Christian Cally

13 Août 2003

***

 

Cascade

 

 

Lorsque l’astre du jour et la cime neigeuse

Font l’amour, ils s’ensuit un liquide bambin

Qui trouve son berceau dans ce petit ravin

Protégé par la flore et la côte rocheuse

Il cascade, serein, pour remplir son destin.

 

Mes mains veulent tenir, ce ruisseau de la vie,

Il s’échappe, pourtant, pour suivre son chemin,

Comme tout nouveau né, vers un sort incertain,

Qui remplira son lit d’espoir et d’utopie,

Jusqu’au delta fatal, d’un grand plongeon salin.

 

Ce tout petit ruisseau, de frontière en frontière,

Va poursuivre son cours et prendre de l’ampleur

Il ornera des villes de toute sa splendeur

Dans son adolescence il deviendra rivière,

Pour enfin devenir un grand fleuve majeur.

 

Il commence au sommet des neigeuses montagnes

Puis sautille joyeux, comme un vieux troubadour,

Babillant, roucoulant et grondant tour-à-tour,

Il traverse des bois, des villes, des campagnes,

Pour, dans un océan, terminer son séjour.

 

Christian Cally

31 Juillet 2003

 ***

Rêverie Pastorale

 

Un tout petit ruisseau, dans le ravin, glougloute,

Il coule gentiment au pied des grands sapins,

Leurs oscillants sommets, qu'un petit vent froufroute,

S'élèvent du ravin en pastoraux refrains.

 

Cette belle musique offre à la rêverie,

Des élans qui la font survoler les sommets,

Elle plonge l'esprit dans une griserie,

Qui plane dans l'éther comme des feux follets.

 

Quand tout autre bruit cesse et que la nuit s'avance,

On entend au lointain la flûte du berger,

Qui mêle ses sanglots, à l'heure du silence,

A ceux de l'angélus, du haut de son clocher.

 

Les doux chuchotements de cette nuit tombante,

Apaise les esprits au fond de son berceau,

Ils appellent la muse ainsi que la bacchante,

Pour chanter la beauté de son miteux manteau.

 

Enfin, quand rien ne bouge, au fond de la nuit sombre,

Ce tout petit ruisseau, roucoule dans son lit,

Il s'en va lentement, inaperçu dans l'ombre,

Pour poursuivre, plus loin, son éternel babil.

 

Un petit vent se lève, les aiguilles s'envolent,

Du sommet des sapins qui chuchotent entre eux,

En de petits ballets, leurs branches batifolent,

Comme des revenants, sous un ciel nuageux.

 

Bientôt la pluie arrive avec ses gouttelettes,

Et les percussions tam-tament leurs tambours,

On se sent entouré de multiples quartettes,

Rivalisant ensemble en de divins concours.

 

Mais quand l'orage arrive en grande symphonie,

On dirait que Berlioz dirige du podium,

Cet effrayant tableau, cette théogonie,

De tonnerre et d'éclair, ce pandémonium.

 

Ce site pastoral, devient une géhenne,

Et la nature s'offre un spectacle effarant,

Les fiers sapins déchus de leur mine hautaine,

Écoutent leur ruisseau rugir comme un torrent.

 

Christian Cally

24 Juillet 2003

 

 

 

 

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