COURRIER DES AMIS POETES

 
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Les messages-découvertes du courrier

Reçu en 2010...

« Nous y sommes. »
par Fred Vargas

Nous y voilà ! Nous y sommes !
Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l'incurie de l'humanité,
Nous y sommes. Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l'homme sait le faire avec brio,
qui ne perçoit la réalité que lorsqu'elle lui fait mal.
Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d'insouciance.
Nous avons chanté, dansé.
Quand je dis « nous », entendons un quart de l'humanité tandis que le reste était à la peine.
Nous avons construit la vie meilleure,
Nous avons jeté nos pesticides à l'eau, nos fumées dans l'air,
Nous avons conduit trois voitures,
Nous avons vidé les mines,
Nous avons mangé des fraises du bout monde,
Nous avons voyagé en tous sens,
Nous avons éclairé les nuits,
Nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche,
Nous avons grossi,
Nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones.

Franchement on peut dire qu'on s'est bien amusés.


On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles:
comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre,
déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome,
enfoncer des déchets radioactifs dans le sol ni vu ni connu.

Franchement on s'est marrés. Franchement on a bien profité.
Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans*
un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre.
Certes.
Mais nous y sommes. A la Troisième Révolution.
Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique
et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu'on ne l'a pas choisie.
« On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont
quelques esprits réticents et chagrins.
Oui !
On n'a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis.
C'est la mère Nature qui l'a décidée, après nous avoir aimablement laissés
jouer avec elle depuis des décennies.
La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets.
De pétrole, de gaz, d'uranium, d'air, d'eau.
Son ultimatum est clair et sans pitié :
Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l'exception des fourmis et des araignées
qui nous survivront, car très résistantes, et d'ailleurs peu portées sur la danse).

Sauvez-moi, ou crevez avec moi.

Evidemment, dit comme ça, on comprend qu'on n'a pas le choix, on s'exécute illico et, même,
si on a le temps, on s'excuse, affolés et honteux.
D'aucuns, un brin rêveurs, tentent d'obtenir un délai, de s'amuser encore avec la croissance. Peine perdue.

Il y a du boulot, plus que l'humanité n'en eut jamais.
Nettoyer le ciel, laver l'eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture,
figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la
paix, contenir l'avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la
nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile,
laisser le charbon là où il est ?
Attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille !
Récupérer le crottin, pisser dans les champs
(pour lephosphore, on n'en a plus, on a tout pris dans les mines,
on s'est quand même bien marrés).

S'efforcer. Réfléchir, même.
Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, « être solidaire » .
Avec le voisin, avec l'Europe, avec le monde.
Colossal programme que celui de la Troisième Révolution.
Pas d'échappatoire, allons-y.
Encore qu'il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l'ont fait le savent,
est une activité foncièrement satisfaisante, qui n'empêche en rien
de danser le soir venu, ce n'est pas incompatible.
A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour
de la barbarie, une autre des grandes spécialités de l'homme, sa plus aboutie -être.
A ce prix, nous réussirons la Troisième Révolution.
A ce prix, nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore.

Fred Vargas - Archéologue et écrivain

******

(Il ne faut surtout pas perdre le fil… car c’est très subtil !)

 

****

AVOIR et ÊTRE

 

Loin des vieux livres de grammaire,
Écoutez comment un beau soir,
Ma mère m'enseigna les mystères
Du verbe être et du verbe avoir.
Parmi mes meilleurs auxiliaires,
Il est deux verbes originaux.
Avoir et Être étaient deux frères
Que j'ai connus dès le berceau.
Bien qu'opposés de caractère,
On pouvait les croire jumeaux,
Tant leur histoire est singulière.
Mais ces deux frères étaient rivaux.
Ce qu'Avoir aurait voulu être
Être voulait toujours l'avoir.
À ne vouloir ni dieu ni maître,
Le verbe Être s'est fait avoir.
Son frère Avoir était en banque
Et faisait un grand numéro,
Alors qu'Être, toujours en manque.
Souffrait beaucoup dans son ego.
Pendant qu'Être apprenait à lire
Et faisait ses humanités,
De son côté sans rien lui dire
Avoir apprenait à compter.
Et il amassait des fortunes
En avoirs, en liquidités,
Pendant qu'Être, un peu dans la lune
S'était laissé déposséder.

Avoir était ostentatoire
Lorsqu'il se montrait généreux,
Être en revanche, et c'est notoire,
Est bien souvent présomptueux.
Avoir voyage en classe Affaires.
Il met tous ses titres à l'abri.
Alors qu'Être est plus débonnaire,
Il ne gardera rien pour lui.
Sa richesse est tout intérieure,
Ce sont les choses de l'esprit.
Le verbe Être est tout en pudeur,
Et sa noblesse est à ce prix.
Un jour à force de chimères
Pour parvenir à un accord,
Entre verbes ça peut se faire,
Ils conjuguèrent leurs efforts.
Et pour ne pas perdre la face
Au milieu des mots rassemblés,
Ils se sont répartis les tâches
Pour enfin se réconcilier.
Le verbe Avoir a besoin d'Être
Parce qu'être, c'est exister.
Le verbe Être a besoin d'avoirs
Pour enrichir ses bons côtés.
Et de palabres interminables
En arguties alambiquées,
Nos deux frères inséparables
Ont pu être et avoir été.

*******

 

LES POEMES DE REGINE

Reçu ce printemps 2008 !!!

 

Envoi d'un poème en hommage à toi-même et à ton site!

 ET TU SERAS COMBLE DE JOIE !

 

Prends un morceau de rêve
sur les voiles d'un bateau.
Brode des anges de paix
sur les ailes d'une colombe.
Avec le diamant d'une étoile
éclaire le front du miséreux.
Avec des poignées d'amour
enlève le sang sur les drapeaux.
Mets la flamme du soleil
au coeur même du désespoir.
Et tu seras comblé de joie !

Serge LEONARD (BRIVE).
cfdt2@caramail.com - MERCI SERGE!!!

 

  Les mots de tous les jours

évoquent l'intouchable

c'est le pas sur le sable

où l'on entend l'amour.

Alain Girard

 *

Du même auteur...extrait de sa poésie:
Un vieux sac

.....L'horizon s'assombrit comme va déclinant,

jour après jour, l'espoir, fatigué, lancinant,

de sortir hors de l'eau la tête que l'on baisse

lorsqu'on a, sur le dos, un vieux sac de détresses.

 

Alain Girard

http://perso.wanadoo.fr/des.mots.au.monde/

*

En réponse un excellent commentaire

Il suffirait, peut-être, de déposer un peu là ce vieux sac trop usé !
de le laisser ... tout seul... l'oublier.
Et relever la tête, en voyant le soleil derrière les rideaux
ou les brumes de novembre aux reflets rouges-jaunes !

Il faudrait, qui sait, l'ouvrir et regarder
que certaines choses portées n'ont plus rien à y faire !
et ainsi allégé, le garnir à nouveau de choses nouvelles fraîches et vivantes !

 

A défaut de partager son poids...le déposer un peu de ci de là
comme tu le fais par ces mots de ce très beau poème.

 

Lyne
http://perso.wanadoo.fr/parchemins.et.par.mots/

 

 ****

Pierrot te salue.....

 

Un astre luit au ciel et dans l'eau se reflète.

Un homme qui passait dit à l'enfant-poète :

" Toi qui rêves avec des roses dans les mains

Et qui chantes, docile au hasard des chemins,

Tes vains bonheurs et ta chimérique souffrance,

Dis, entre nous et toi, quelle est la différence ?

- Voici, répond l'enfant. Levez la tête un peu ;

Voyez-vous cette étoile, au lointain du soir bleu ?

- Sans doute !

- Fermez l'œil. La voyez-vous, l'étoile ?

- Non, certes. "

Alors l'enfant pour qui tout se dévoile

Dit en baissant son front doucement soucieux :

" Moi, je la vois encore quand j'ai fermé les yeux. "

 

Catulle MENDÈS

(1843 - 1909)

 

*** 

On a volé la lune

 

Boule argentée sur la branche légère, elle était là

Brillant de tous ses feux, et, de tout son éclat

Illuminant le ciel comme un grand réverbère,

Elle me faisait de l’œil, on était bien compères.

 

Et puis, d’un coup, un soir,

Disparue, rien , le noir !

Ils l’avaient emporté

Mon amie adorée,

En filant vers le Nord,

Me faisant bien du tort !

 

Les nuages l’ont prise,

Profitant d’une brise,

Ils ont volé la lune,

Faisant mon infortune !

 

Catherine Escarras : Ó 13 janvier 1998 ®

 

***

 

Rêve de Lune

 

 

Si je pouvais décrocher la lune,

La nuit, tout en haut du clocher

Avec une échelle de fortune,

Alors agile, je grimperais!

 

Si je pouvais attraper les étoiles,

Et en un bouquet, toutes les ramasser,

Alors je tisserais une toile,

Et dedans je les enfermerais!

 

Mais les astres sont bien trop hauts,

Et moi je ne suis pas agile,

Mon échelle est à demie cassée

Et la toile pas encore tissée!

 

Alors je te donne mon cœur,

Il faudra le rapetasser,

Car de moults coups et blessures,

De partout il est transpercé!

 

Et pourtant il bat encore,

Quand ta voix j'entends résonner,

Quand tes yeux je vois à nouveau briller

Prends-le et garde le serré,

Je n'ai personne à qui le confier,

Défends-le avec ton épée,

Oh toi mon doux chevalier!

 

Catherine Escarras (c) : 1993

(tiré de mon recueil : La Vague et le Vent (c) 1994 )

<3 catherine.escarras@wanadoo.fr

<3 http://perso.club-internet.fr/melly

 ***

 

PEINDRE LA VIE

 Je peins de mes écrits l'arc-en-ciel de vos vies…

Et surtout n'allez pas taxer de prétentieux

Le fait qu'à la parure éphémère des cieux

J'aie osé comparer mes lettres, mes écrits.

 

Ma profession me veut un stylo à la main.

La solitude, souvent, m'y plante un crayon ;

Pour de longues lettres devenus compagnons

Nous faisons vers des amis des bouts de chemin.

 

Après de lourds silences ou des coups de tonn'nerfs

Quand mon ciel est noir ou qu'il se fait lumière,

Je vous écris des mots-douleurs, des mots-couleurs.

 

Rouge passion, orange gai, jaune doré,

Vert ou bleu : la nature ; indigo ? violet ?

Tendresse et amitié, je vous envoie… mon cœur !

 

Claudine LACAILLE
Pte de l'Union des Ecrivains Vosgiens

(années 80)

 

CHAQUE JOUR EST UN VOYAGE

 

 

Chaque jour est un voyage 

En terres ancestrales familières

où mûrit le fruit patiemment cultivé

 

En plat pays où s'alanguissent et s'étiolent

des projets pourtant ambitieux 

En terrains vagues hérissés de gravats et de ronces

 

En villes inconnues habitées d'étranges humains

 

En contrées fabuleuses peuplées de rois et de mendiants

 

 

Chaque jour est un voyage

 

Où tu sèmes et récoltes,

Où tu reçois et donnes,

Où tu emportes ou abandonnes,

Où tu croises, rencontres, découvres, évites ou fuis…

… d'autres voyageurs, d'autres galériens, d'autres migrants, d'autres nomades.

 

Chaque jour est un voyage :

 

Tour du monde, avidement

Tour de toi, inévitablement

Tour des autres, infiniment.

 

 

Claudine LACAILLE

 

 

Il est parfois des faits qui dépassent les hommes

Et les témoins, eux-mêmes, en restent tout surpris,

Quiconque les révèle en risquant le mépris

Se montre courageux. En vérité, nous sommes

 

Avec nos esprits simplistes, mais cartésiens

Des obstacles, des murs dont l'incrédulité

Est le liant qui cimente l'imbécillité

Dont nous faisons la preuve ainsi que des païens.

 

Et pourtant, tout est vrai. Regardez une étoile

Puis comptez dans la nuit ces mondes silencieux ;

Leur multiplicité est telle qu'à nos yeux

Ne se découvre, en fait, qu'un petit bout de voile.

 

L'univers est si grand, si profond et si dense

Que d'autres êtres que nous doivent s'y propulser ;

Si vous doutez encor, restez à les chercher

Et, si vous en voyez, gardez votre silence.

 

Jack Harris
http://harris.jack.monsite.Wanadoo.fr

** 

Je brandis toutes servitudes.

 

Je pense à Ceux qui n'ont jamais

goûté la vie à pleines dents

pour quelques raisons, des « oui mais »

Ceux dont la vie est en dedans.

 

Ils regardent, ne disent rien...

Leur aventure est nulle part !

Comment sauraient-ils le bien,

le mal, quand la vie est à part ?

 

Comment, comment vivre ses rêves

lorsque tout est hors de portée ?

La clef du coffre est sous la grève

et l'autre grève est déportée !

 

Chacun regarde à sa fenêtre

la vie qui promet ses faveurs...

Sais-tu l'enfant qui vient de naître

et qui n'aura nulle ferveur

 

aux jours prescrits de son histoire

parmi les pions de l'échiquier ?

Serait-il blanc, serait-il noir

que déjà le voilà nié !

 

L'on n'improvise pas l'amour

pour ses semblables, peu s'en faut,

il est des fenêtres aux tours

comme empilés quelques cachots !

 

Alors dans l'inexactitude

de ma pauvre pensée morose

je brandis toutes servitudes

contre les philos d'eau de rose !

 

Alain Girard

http://perso.wanadoo.fr/des.mots.au.monde/

***

 

Jean-Marie Audrain
m'a envoyé un recueil de Chansons ( Paroles)
pour petites oreilles !

http://www.poisson-rouge.fr.st/

 

*** 

ICARE m'a envoyé ces poèmes que vous devez sûrement connaître...

 

ESPOIR

 

 

Soyez les poètes de votre vie.

Osez chaque jour mettre du bleu dans votre regard,

et de l'orange à vos doigts,

des rires à votre gorge et surtout, surtout 

Une tendresse renouvelée à chacun de vos gestes.

 

Jacques Salomé

*** 

 

La nuit n'est jamais complète

Il y a toujours , puisque je le dis,

Puisque je l'affirme, 

Au bout du chagrin

Une fenêtre ouverte,

 

Il y a toujours un rêve qui veille,

Désir à combler, faim à satisfaire, 

Un cœur généreux,

Une main tendue, une main ouverte,

 

Des yeux attentifs,

Une vie à se partager.

 

Paul Eluard

*** 

 

Ce que tu as appelé le monde

Il faut commencer par le créer

ta raison, ton imagination, 

ta volonté, ton amour,

doivent devenir ce monde.

 

La vie n'aura servi à rien 

à celui qui quitte le monde

sans avoir réalisé son propre monde.

 

Brihadaranyake Upanishad

*** 

 

SAGESSE

 

 

Le printemps peut fleurir, au loin,

Les blancs bergers de la colline…

Sur ma table, je n'ai besoin

Que d'une branche qui s'incline.

 

Le matin bleu peut baigner l'air...

Pour que l'azur m'en pénètre

Il suffit du pan de ciel clair 

Qui se découpe à ma fenêtre.

 

Un oiseau chante à plein gosier… 

Sur un marronnier qui verdoie…

C'est assez pour m'extasier 

De parfums, d'azur et de joie.

 

Je pense à tes yeux par instants, 

Et je me souris à moi-même… 

J'ai dans mon cœur tout le printemps, 

Et tout l'amour, puisque je t'aime.

 

André Rivoire

 

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