COURRIER - PENSEES -RECITS
"Deux personnes se rencontrent : « Ça va ? – Ça va ! » et si elles se connaissent assez bien, elles s’embrassent, par habitude, machinalement. Puis elles se quittent car elles sont pressées, et déjà elles ne se souviennent même plus si elles se sont embrassées. Elles ne trouvent rien d’anormal à faire tout en vitesse, inconsciemment, même s’embrasser, et elles s’étonnent ensuite que les relations avec ceux qu’elles appellent pourtant leurs amis ne leur apportent pas grand-chose.
Vous rencontrez quelqu’un. D’abord, il n’est pas tellement nécessaire que vous vous embrassiez. Mais si vous le faites, et même aussi si vous ne le faites pas, pendant au moins quelques secondes, mettez votre pensée, votre âme dans cette rencontre et il en restera un goût, un parfum qui vous suivra longtemps encore."
Omraam Mikhaël Aïvanhov
Le flocon de Neige
Auteur inconnu
Une mésange s'adresse à une colombe :
— Dis-moi, quel est le poids d'un flocon de neige ?
Et la mésange de répondre:
— Ça ne pèse pas, ça pèse moins que rien.
— Attends, ma colombe, je vais te raconter une histoire.
L'autre jour, j'étais sur la branche d'un sapin quand il a commencé à neiger. Tout doucement. Une petite neige tranquille, pas méchante, sans bruit et sans tempête. Comme je n'avais rien de mieux à faire, je me suis mise à compter les flocons qui tombaient sur la branche où je me trouvais.
J'en ai compté 751 972. Oui, je commençais à avoir mal aux yeux et ça s'embrouillait un peu dans ma tête, mais je me rappelle bien: 751 972. Oui, c'est ça. Et quand le 751 973e flocon est tombé sur la branche, même si ça ne pèse pas, même si c'est rien, moins que rien comme tu le dis, eh ! bien, figure-toi que la branche s'est cassée.
La colombe se mit à réfléchir.
Peut-être ne manque-t-il finalement que le geste d'une personne pour que le monde bascule, pour que bien des choses changent et pour que les gens vivent mieux.
En lisant cela, vous vous posez peut-être la question :
"Et moi, qu'est-ce que je fais dans tout ça ?
Quel poids a ma présence dans telle ou telle activité ?
À quoi ça va servir de m'engager plus ?
Ce ne sera qu'une goutte d'eau face à une mer de besoins, ce ne sera qu'une prière, qu'un mot d'encouragement, qu'une présence discrète."
Pensez à ce 751 973e flocon. C'est lui qui a tout changé !
Chaque chose prise isolément a un poids bien dérisoire, mais l'accumulation de tous nos gestes de considération peut faire bouger pas mal de choses.
***
LE VOILE DE
MAYA
Pourquoi
Jacques TATI, dans Mon Oncle, Trafic et surtout Play
Time,
accorde-t-il
tant d'importance aux vitres, vitrines et autres pare-brise
?
et non pas
comme Cocteau, dont pourtant dans Orphée un certain
vitrier
marque la
mémoire, aux miroirs ?
Toute la
différence de leur conception de la vie et de l'art
tient pour moi
dans ce
paradigme du miroir pour l'un et de la vitre pour
l'autre.
Le miroir est
ce qui, produisant de l'image, nous dévoile le
processus par
lequel, pour
une part essentielle, nous appréhendons le monde : le
miroir
révèle le regard et fait du
monde une chose vue. Cocteau, au cinéma,
est
celui qui ne
nous montre pas le monde mais son image, c'est un
monde
imaginaire
qu'il nous demande, à la manière d'Alice aux
pays des merveilles,
de traverser.
C'est par la traversée du miroir qu'Orphée
accède aux Enfers,
c'est en
apercevant l'image d'Eurydice dans le rétroviseur de
sa voiture qu'
il la perd,
c'est par la traversée de l'image de la Bête
que se révèle à la
Belle l'image
de la Beauté. Le monde de Cocteau est un monde
d'images, son
ressort
créateur la dialectique du miroir et de l'image,
c'est un monde
spectaculaire.
Chez Tati ce
qui commande la vision du monde, c'est la vitre. C'est
en
utilisant la
vitre d'une fenêtre de la terrasse de sa mansarde qui
fait
office de
miroir que M. Hulot dirige la lumière du soleil sur
la cage du
canari pour le
faire chanter. Dans Play Time M. Hulot apercevant son
reflet
dans une vitre
s'en trouve désorienté et ne sait plus
où donner de la tête,
son
identité vacille. M. Hulot ne voit pas la vitre de la
porte de sortie du
restaurant et
la brise, le chasseur ramasse le gros bouton de cuivre
et
actionne une
porte imaginaire à l'entrée et à la
sortie des consommateurs
qui ne
s'aperçoivent de rien. La vitre est ce qui,
disparaissant, résiste à
sa
disparition, c'est le voile de Maya qui tantôt laisse
apercevoir des
reflets,
tantôt dévoile son être dans le
néant de son apparence. La vitre
est ce qui
dévoile l'illusion de l'image. Ainsi le monde de Tati
est un
monde
d'illusions et de reflets, c'est un monde
vacillant.
J.-M.
M.
jean-michel.mayot@wanadoo.fr
***
Un
conférencier bien connu commence son séminaire
en tenant bien haut
un billet de 50 Euros.
Il demande aux
gens :
"Qui aimerait
avoir ce billet ?"
Les mains
commencent à se lever, alors il dit :
"Je vais
donner ce billet de 50 Euros à l'un d'entre vous mais
avant,
laissez-moi faire quelque chose avec."
Il chiffonne
alors le billet avec force et il demande :
"Est-ce que
vous voulez toujours ce billet ?"
Les mains
continuent à se lever.
"Bon,
d'accord, mais que se passera-t-il si je fais
cela."
Il jette le
billet froissé par terre et saute à pieds
joints dessus,
l'écrasant autant que possible et le
recouvrant des poussières du plancher.
Ensuite il
demande :
"Qui veut
encore avoir ce billet ?"
Évidemment, les mains continuent de
se lever !
"Mes amis,
vous venez d'apprendre une leçon...
Peu importe ce que je fais avec ce billet,
vous le voulez toujours parce que sa valeur n'a pas
changé,
il vaut toujours 50 Euros."
"Alors pensez
à vous, à votre vie. Plusieurs fois dans votre
vie
vous serez
froissé, rejeté, souillé par les gens
ou par les événements.
Vous aurez
l'impression que vous ne valez plus rien mais en
réalité,
votre valeur n'aura pas changé aux yeux des gens qui
vous aiment !
La valeur
d'une personne ne tient pas à ce que l'on a fait
ou
pas, vous
pourrez toujours recommencer et atteindre vos
objectifs
car votre
valeur intrinsèque est toujours intacte."
***
Les
croyances
Le premier
soir, Un berger s'arrête pour bivouaquer non loin de
la maison d'un vieil ermite.
Au moment
d'attacher son dernier âne, il s'aperçoit qu'il
lui manque une corde.
Si je
n'attache pas mon âne se dit-il demain, il se sera
sauvé dans la montagne!
Il monte sur
son âne après avoir solidement attaché
les deux autres et prend la direction de la maison du vieil
hermite.
Arrivé,
il demande au vieil homme s'il n'aurait pas une corde
à lui donner.
Le vieillard
avait depuis longtemps fait vœux de pauvreté et
n'avait pas la moindre corde, cependant, il s'adressa au
paysan et lui dit:
"retourne
à ton campement et comme chaque jour fait le geste de
passer une corde autour du cou de ton âne et n'oublie
pas de feindre de l'attacher à un arbre."
Perdu pour
perdu, le paysan fit exactement ce que lui avait
conseillé le vieil homme.
Le lendemain
dès qu'il fût réveillé, le
premier regard du paysan fût pour son âne.
Il
était toujours là!
Après
avoir chargé les trois baudets, il décide de
se mettre en route, mais là, il eut beau faire, tirer
sur son âne, le pousser, rien n'y fit.
L'âne
refusait de bouger.
Désespéré, il retourne
voir l'Hermite et lui raconte sa mauvaise aventure.
As-tu
pensé à enlever la corde? lui demanda-t-il.
Il n'y a pas
de corde répondit le paysan.
Pour toi oui
mais pour l'âne...
Le paysan
retourne au campement et d'un ample mouvement, il mime le
geste de retirer la corde.
L'âne
sans aucune résistance le suit.
Ne nous
moquons pas de cet âne.
L'âne
voit son maître jours après jours faire le
geste de l'attacher avec une vrai corde. Maintenant lorsque
son maître fait le geste, il croit être
attaché.
***
Nous sommes
souvent comme cet âne, ce qui a donné naissance
à une croyance peut bien disparaître, la
croyance, elle, demeure...
Lettre de notre ami Franck
Alleron
http://www.contesdeveil.com/
***
Un homme tomba
dans un trou
et se fit très mal.
Un
cartésien se pencha et lui dit:
"Vous n'êtes pas rationnel,
vous auriez dù voir ce trou".
Un
spiritualiste le vit et dit:
" Vous avez dû commettre quelque
péché".
Un
scientifique calcula la profondeur du trou.
Un journaliste
l'interviewa sur ses douleurs.
Un Yogi lui
dit:
" Ce trou est seulement dans ta tête,
comme ta douleur".
Un
médecin lui lança deux comprimés
d'aspirine.
Une
infirmière s'assit sur le bord et pleura avec lui
en attendant les secours.
Un
thérapeute l'incita à trouver les raisons pour
lesquelles
ses parents le préparèrent à tomber
dans ce trou.
Une
pratiquante de la pensée positive l'exhorta:
"Quand on veut, on peut !"
Un optimiste
lui dit::
" Vous auriez pu vous casser une jambe".
Un pessimiste
ajouta:
" Et ça risque d'empirer ! ".
Puis un enfant passa et lui tendit la main ...
Anonyme
A tous ceux qui croient à la
puissance d'un ultime flocon de neige...
pour casser les branches pourries....
et au petit grain de sable
qui stoppe l'engrenage des machines infernales
!!!
Pierrot
***
« Dis-moi combien pèse un flocon
de neige ? » demanda la mésange
charbonnière à la colombe.
« Rien d'autre que rien », fut la
réponse.
Et la mésange raconta alors à
la colombe
une histoire :
« J'étais sur la branche d'un
sapin
quand il se mit à neiger.
Pas une tempête, non, juste comme un
rêve,
doucement, sans violence.
Comme je n'avais rien de mieux à
faire,
je commençai à compter les flocons qui
tombaient
sur la branche où je me tenais.
Il en tomba 3 751 952. Lorsque le 3 751
953ème tomba sur la branche,
(rien d'autre que rien, comme tu l'as dit),
celle-ci cassa ».
Sur ce, la mésange
s'envola.
La colombe, une autorité en
matière de paix
depuis l'époque d'un certain Noé,
réfléchit un moment et se dit finalement
:
« Peut-être ne manque-t-il qu'une
personne
pour que tout bascule
et que le monde vive en paix ?
»
Tiré de : Artisans de Paix
***
Les larmes de
la mémoire
J’aime ces gens
étranges.
Des trous de plus en
plus profonds se creusent dans leur
mémoire.
Des trous qui se
remplissent de peurs, présentes ou passées, de
plaies jamais guéries.
Des trous qui
délogent les interdits et les normes, d’où
émergent des élans de
vérité.
Cette
vérité commune à tous quand les masques
ont fondu.
Vérité
nue, crue, intolérable, parfois cruelle.
Vérité qui
aime et déteste sans contrainte.
Ce que la raison
camoufle, l’Alzheimer le fait éclater au grand
jour.
L’inconscient se
lézarde.
Les blessures enfouies
refont surface.
Les photos
flétries reprennent vie, comme les rêves
révèlent ce que nous taisons le
jour.
Le temps passé
devient présent.
Et le présent
n’est que l’instant.
J’aime ces gens
étranges.
Leur raison
déraisonne.
Ils sont les
délinquants de la comédie humaine.
Le coeur ne fait pas
d’Alzheimer.
Il capte
l’émotion et oublie
l’événement.
Saisit l’essentiel et
néglige l’accessoire.
Sent la fausseté
des gestes et des paroles.
Fuit le pouvoir et
réclame la tendresse.
Plus je partage leur
vie, plus je sens des trous tout aussi profonds à
l’intérieur de moi.
On les dit confus et
pourtant, à leur insu, ils me reflètent
crûment mes parts d’ombre et de
lumière.
Deviennent mon propre
miroir: miroir de mes peines camouflées, de mes
désirs enfouis, de mes fantaisies
réprimées, de ma liberté aux ailes
cassées.
J’aime ces gens
étranges.
Ils ont le mal de leur
enfance comme on a le mal du pays.
Ils cherchent,
cherchent... jusqu’au jour où leur silence devient un
cri insupportable.
J’aime ces gens
étranges.
Comment arriverai-je
à vivre sans eux?
Comment?
Comment?
Marie Gendron,
Baluchon Alzheimer, 1999
***
Nocturne de Chopin N°2
Op9-2
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