LA PREUVE D'AMOUR

 

 L'automne se veut souvent flamboyant de couleurs chaudes ...
Comme si la VIE s'en allait en habit de noces,
perlé de la brûme des matins frais...
Des perles de cristal qui s'éclatent au vent froid de la pluie,
pour se briser sur une terre devenue aride.
Henri de Toulouse-Lautrec le disait bien,
tout autant qu'il le fixait sur toile:
" L'automne est le printemps de l'hiver "

Pierfetz

 

  LA PREUVE D'AMOUR

 

Comme des papillons sans ailes ni antennes
Les feuilles de l'automne voltigent par centaines,
Légères, colorées dans un gracieux envol.
Elles retombent en pluie pour tapisser le sol.
Comme des papillons aux ailes arrachées,
Elles s'en vont mourir piétinées, desséchées.

Mais, la petite feuille rousse, semée de vert

Accrochée à la branche résiste au vent d'hiver.
Elle est folle d'amour pour le gentil poète
Qui passe si souvent sans relever la tête.
Elle tremble de froid et grelotte de peur
La pluie tombe sur elle, les gouttes sont des pleurs
Triste, désespérée, amère et sans courage,
Elle se laisse choir, et... tombe dans la page,
La page du livre que lisait son poète
Se promenant par là en relevant la tête.

Feuille contre feuille, serrée bien tendrement
Le poète sourit, presque amoureusement.
C'est un doux joue à joue que l'amour enjolive
Cette feuille dans les pages d'un livre...

**

 

Chanson d'automne

 

 

Les sanglots longs

Des violons

De l'automne

Blessent mon coeur

D'une langueur

Monotone.

 

Tout suffocant

Et blême quand

Sonne l'heure

je me souviens

Des jours anciens

Et je pleure

 

Et je m'en vais

Au vent mauvais

Qui m'emporte

Deça delà

Pareile à la

Feuille morte.

 

Paul Verlaine

***

 

Les Colchiques

 

 

Le pré est vénéneux mais joli en automne

Les vaches y paissant

Lentement s'empoisonnent

Le colchique couleur de cerne et de lilas

Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la

Violatres comme leur cerne et comme cet automne

Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne.

 

Les enfants de l'école viennent avec fracas

Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica

Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères

Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières

Qui battent comme les fleurs battent au vent dément

Le gardien du troupeau chante tout doucement,

Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent

Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne.

Apollinaire : Alcools

 

***

DU NOIR AU BLANC

 

Il crachine ...

Tout pourrit en terre sous mille feuilles

Noir de Chine, lavés délavés,

L'automne est en deuil.

 

Qui pourrait croire un seul instant

Que déjà le bourgeon attend,

Prêt à s'enfeuiller à nouveau,

Pollen en l'air, pétales dans l'eau.

 

La vie sans cesse recommence,

Les herbes folles à travers prés,

L'été a passé le relais.

A tous les temps, dans le même sens.

Temps mélancolie, temps malheur,

Temps craché et aussi temps moqueur,

Vendanges tardives , mais temps bonheur,

A déguster avec fureur !

Pierfetz©

***

Autre présentation de cette poésie dans
les Poèsies de Pierrot

 
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