LA PREUVE D'AMOUR
Comme des papillons sans ailes ni
antennes
Les feuilles de l'automne voltigent par centaines,
Légères, colorées dans un gracieux
envol.
Elles retombent en pluie pour tapisser le sol.
Comme des papillons aux ailes arrachées,
Elles s'en vont mourir piétinées,
desséchées.
Mais, la petite feuille rousse, semée
de vert
Accrochée à la branche
résiste au vent d'hiver.
Elle est folle d'amour pour le gentil poète
Qui passe si souvent sans relever la tête.
Elle tremble de froid et grelotte de peur
La pluie tombe sur elle, les gouttes sont des pleurs
Triste, désespérée, amère et
sans courage,
Elle se laisse choir, et... tombe dans la page,
La page du livre que lisait son poète
Se promenant par là en relevant la tête.
Feuille contre feuille, serrée bien tendrement
Le poète sourit, presque amoureusement.
C'est un doux joue à joue que l'amour enjolive
Cette feuille dans les pages d'un livre...
**
Chanson
d'automne
Les sanglots
longs
Des
violons
De
l'automne
Blessent mon
coeur
D'une
langueur
Monotone.
Tout
suffocant
Et blême
quand
Sonne
l'heure
je me
souviens
Des jours
anciens
Et je
pleure
Et je m'en
vais
Au vent
mauvais
Qui
m'emporte
Deça
delà
Pareile
à la
Feuille
morte.
Paul
Verlaine
***
Les
Colchiques
Le pré
est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y
paissant
Lentement
s'empoisonnent
Le colchique
couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes
yeux sont comme cette fleur-la
Violatres
comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour
tes yeux lentement s'empoisonne.
Les enfants de
l'école viennent avec fracas
Vêtus de
hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent
les colchiques qui sont comme des mères
Filles de
leurs filles et sont couleur de tes
paupières
Qui battent
comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du
troupeau chante tout doucement,
Tandis que
lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours
ce grand pré mal fleuri par l'automne.
Apollinaire :
Alcools
***
DU NOIR AU
BLANC
Il crachine
...
Tout pourrit
en terre sous mille feuilles
Noir de Chine,
lavés délavés,
L'automne est
en deuil.
Qui pourrait
croire un seul instant
Que
déjà le bourgeon attend,
Prêt
à s'enfeuiller à nouveau,
Pollen en
l'air, pétales dans l'eau.
La vie sans
cesse recommence,
Les herbes
folles à travers prés,
L'été a passé le
relais.
A tous les
temps, dans le même sens.
Temps
mélancolie, temps malheur,
Temps
craché et aussi temps moqueur,
Vendanges
tardives , mais temps bonheur,
A
déguster avec fureur !
Pierfetz©
***
Autre
présentation de cette poésie
dans
les
Poèsies de Pierrot
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