CONFLIT ISRAELO-PALESTINIEN

Sans prendre parti, faute de suite d'enquête de l'O.N.U.
On peut se poser des questions et celle-ci en particulier:
"Pourquoi déclancher une guerre si l'on n'est pas maître de ses troupes"?

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"Dans un chat au Monde.fr, Jean-François Legrain, chercheur au CNRS, spécialiste du Proche-Orient, estime que le Hamas va dorénavant incarner l'identité nationale palestinienne." .../... 
 
Israël a manqué un rendez-vous avec l’histoire :

"« Cette guerre l’écrit en lettres capitales : Israël a manqué une chance historique de faire la paix avec le nationalisme arabe laïque. Demain, il pourra
être confronté à un monde arabe uniformément fondamentaliste, un Hamas multiplié par mille. » Avnery retrace la séquence qui a conduit à la guerre de Gaza. Ayant tablé sur la faiblesse d’Abbas, se contentant d’un simulacre de négociation, Israël n’a pas compris que le Hamas l’
emporterait contre une Autorité Palestinienne discréditée. Après l’échec du blocus à briser la résistance des gazaouis et à les retourner contre le nouveau pouvoir installé à Gaza, Israël espère aujourd’hui pouvoir liquider le Hamas par le fer et le feu, avec la complicité de l’Egypte qui verrouille la seule issue de cette zone de combat où la population civile est piégée, en une réédition de la stratégie de bombardements massifs utilisée sans succès au Liban. Mais au delà de Gaza, c’est toute une génération Arabe, révoltée par la passivité et la corruption de ses dirigeants qui pourrait se tourner bientôt vers l’Islam politique, apparaissant comme la seule force indemne de compromission." .../...

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GAZA : L'ONU SUSPEND L'IMPORTATION D'AIDE APRÈS DES VOLS PAR LE HAMAS

 

New York, Feb  6 2009  2:00PM
L'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (<"http://www.un.org/unrwa/index.html">UNRWA) a suspendu vendredi toutes ses importations d'assistance humanitaire à Gaza après une nouvelle confiscation par le mouvement palestinien Hamas de centaines de tonnes d'aide alimentaire, qui a été condamnée par le Secrétaire général de l'ONU Ban Kimoon.
« Au cours de la nuit du 5 février, dix cargaisons de blé et de riz ont été emportées depuis le côté palestinien au point de passage de Kerem Shalom, à Gaza », explique un communiqué de l'UNRWA.
Les cargaisons, qui avaient été importées depuis l'Egypte pour être récupérées par l'agence vendredi, ont été emportées sur des camions du ministère des affaires sociales [géré par le Hamas].
Ce sont au total 200 tonnes de riz et 100 tonnes de blé qui ont été pris.
Le Secrétaire général de l'ONU Ban Kimoon a exigé la restitution de l'assistance, a affirmé sa porte-parole, Michèle Montas. « Toutes les parties doivent s'abstenir d'empêcher la fourniture et la distribution de l'aide dont a besoin de façon urgente la population civile de Gaza », indique une déclaration.
« La suspension décrétée par l'UNRWA restera en vigueur jusqu'à ce que l'assistance soit rendue et que l'agence reçoive des assurances crédibles du gouvernement de Gaza appartenant au Hamas que ces vols ne se répèteront pas », affirme le communiqué.
Il s'agit du deuxième incident en trois jours. Mardi 3.500 couvertures et 400 colis alimentaires avaient été volés, l'arme au poing, dans un point de distribution de Beach Camp, à Gaza.
L'UNRWA demande la restitution de ces stocks également.
Interrogé jeudi sur la raison de ces vols, le responsable humanitaire de l'UNRWA, John Ging, avait affirmé par vidéoconférence depuis Gaza que le but était pour le Hamas de les distribuer eux-mêmes.
John Ging, de même que le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, John Holmes, avaient qualifié ce vol d'inacceptable, insistant sur le fait que l'UNRWA tenait à garder le contrôle des destinataires de ces biens, à savoir les plus démunis. 
A cet égard, l'OCHA estime désormais que 88% de la population de gaza est maintenant dépendante de l'aide alimentaire de l'UNRWA et du PAM.
 

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Francis WURTZ

RETOUR DE GAZA

 

Compte-rendu sommaire de mon séjour à Gaza les 22 et 23 janvier 2009

 

J'ai pu, grâce à une association franco-palestinienne avec laquelle je coopère de longue date (l'association des Villes jumelées avec des camps de réfugiés palestiniens), et grâce à diverses interventions diplomatiques, entrer dans Gaza, le jeudi 22 janvier dernier, après une attente de 24 heures à Rafah (frontière égyptienne).

 

Les interlocuteurs habituels de cette association -sans lien avec les autorités actuelles de la bande de Gaza- nous ont accompagnés à travers tout le territoire. Hormis des journalistes et des acteurs humanitaires, nous avons ainsi été parmi les tous premiers à découvrir "de visu" les horreurs de la guerre, du sud jusqu'au nord. Nous avons pu être au contact direct de la population, sur le terrain et chez les habitants, logeant dans des familles, partageant des collations avec des Palestiniens des camps de réfugiés les plus touchés, discutant de longues heures durant, dans l'obscurité d'une nuit sans électricité, avec des victimes qui ressentaient manifestement le besoin de se libérer en témoignant.

 

Nos principales étapes furent Rafah, Khan Younès, la ville de Gaza, Zeitoun, Jabalyia, Al Attatra. C'est au nord et à l'est de Gaza - ville que l'on découvre les pires dévastations et que l'on recueille les témoignages les plus accablants pour l'armée israélienne. En y allant, on comprend pourquoi les journalistes avaient été tenus à l'écart de l'offensive militaire!

 

Mais les traces de la terreur infligée pendant 22 jours et nuits à la population de Gaza sont visibles dès la première localité au sud du territoire: Rafah, une agglomération de 180 000 habitants dont 85% sont des familles de réfugiés. Nul besoin de guide. Les gens vous hèlent. Ils ont besoin de montrer au monde les destructions subies, de raconter le calvaire enduré, d'exprimer - au demeurant avec beaucoup de retenue et de dignité - les souffrances durables. Une nuée d'enfants vous suit où que vous alliez. "What is your name? How are you?" lancent-ils en riant. Ils s'amusent, demandent qu'on les prenne en photo, mais quand on les interroge sur la guerre, un petit gamin lâche: "on tremblait!"

 

Au centre de Rafah, la foule est dense autour d'un petit marché - on nous dit que les produits qui y sont vendus à des prix prohibitifs ont été introduits en contrebande par les fameux tunnels... C'est la rançon du blocus. Autour de nous, des maisons en ruines, des toits arrachés, des familles entières assises dans leur ancienne maison éventrée. Ils nous racontent: une seule frappe de F16 a suffi pour provoquer toutes ces destructions - en tout 80 impacts! C'était la nuit du 31 décembre...

 

On nous a dit, sans qu'il nous ait été possible de vérifier l'information, que la femme pilote de ce bombardier venait d'être condamnée en Israël à deux ans de prison pour avoir refusé de "finir le travail" par un second passage. Un viel habitant nous fait visiter sa "maison" - un taudis à ciel ouvert depuis le bombardement. "Il n'y a jamais eu d'arme ici, Monsieur!" répète-t-il. "L'avion n'avait pas de cible. Il nous a tous bombardés!". Malgré tout, le quartier grouille de monde. Chacun vaque à ses occupations quotidiennes. L'essence étant devenue inaccessible pour le plus grand nombre, la carriole tirée par un âne remplace souvent la camionnette. On se débrouille comme on peut. La vie est plus forte que les F16.

 

Une discussion s'engage avec le leader du camp de réfugiés de Rafah. C'est un homme mesuré et courageux. Il a déjà passé cinq ans de sa vie dans les prisons israéliennes et une autre période en résidence surveillée. Membre du Fatah, il connait de nouvelles difficultés depuis la prise de pouvoir du Hamas. Mais aujourd'hui, il ne veut parler que de la guerre "qui frappe l'ensemble du peuple de Gaza". Et pour lui, "Gaza, c'est l'âme de la cause palestinienne. Le revendication nationale est partie d'ici."

 

Près de Khan Younès, nouvelle illustration de la punition collective indistinctement infligée à la population. Ici, un vignoble entièrement ravagé. Là, une ... station d'épuration d'eau, servant tout le secteur, écrasée sous les obus des chars. Autour, toutes les maisons sont détruites, sauf un immeuble dont il ne reste que la carcasse. Nous y découvrons sur un mur un croquis sommaire des cibles voisines - dont la station d'épuration - annoté en hébreu... Sur place, toutes les personnes insistent: "il n'y a pas de combattants parmi nous. Pourquoi ils détruisent tout? Pourquoi ils tuent nos enfants?" L'exaspération est à son comble. En ville, nous nous arrêtons près d'une mosquée bondée: la prière du vendredi s'y est transformée en meeting politique contre ...Mahmoud Abbas et "tous les baratineurs. La foi et la persévérance sont notre force - y entend-t-on. Avec l'aide de Dieu, nous irons jusqu'à la victoire." A méditer par les partisans de la guerre pour "en finir avec le Hamas"...

 

Nous arrivons dans la ville de Gaza. Arrêt à l'une des écoles de l'UNRWA, l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens: gravement endommagée par les bombes. Des voisins nous montrent sur leur portable les images insoutenables du déluge de feu qui s'est abattu sur la ville! Autre cible "militaire": le siège ...du Croissant rouge palestinien attenant à l'hôpital Qods! Il n'en reste, là encore, qu'une carcasse calcinée: les bombes au phosphore ont fait leur œuvre. Un peu plus loin, un énorme stock de médicaments a été détruit par les bombes. Bombardé aussi l'immeuble du service d'Etat civil. Ailleurs, c'est une fabrique de limonade qui a été détruite: on en retirera 27 cadavres. Là, c'est un jardin d'enfants: détruit. Puis le parc Barcelona - construit par l'Espagne: détruit. Près de là, un immeuble de 11 étages: détruit. Un peu plus loin, ... un cimetière: détruit!

 

Nous croyions avoir atteint les limites de l'horreur. C'était sans compter avec ce qui nous attendait à Zeitoun, à l'Est de la ville de Gaza. Devant nous, à perte de vue, un immense champ de ruines. Tout y est dévasté: maisons, fermes, usines. Il ne reste rien. L'odeur y est, plus de deux semaines après le drame, insoutenable. Les témoignages recueillis sur place nous glacent d'effroi. La presse, entretemps, en a relaté la substance. C'est là que la famille Samouni a perdu 33 de ses membres, dans un immeuble où les soldats israéliens, abondamment présents sur place, les avaient parqués depuis plus d'une journée sans nourriture et sans eau! Avant de les écraser sous les obus! Les récits des survivants vous laissent sans voix. Il s'agit de toute évidence d'un massacre délibéré de populations civiles. Avec, de surcroit, des actes d'une infinie cruauté. Les faits remontent au 5 janvier.

 

Deux jours après, c'est à l'est de Jabalyia, à, Ezbet Abed Rabbo, qu'a été perpétré, selon les dires de témoins, un autre épouvantable crime de guerre. Entre 13 heures et 14 heures, nous précise Khaled, trois chars ont approché de sa maison. Un haut-parleur leur intime l'ordre de sortir. Toute la famille s'exécute en arborant un chiffon blanc. Devant eux, deux jeunes tankistes mangent nonchalamment des barres de chocolat et des chips, sans leur adresser la parole. Soudain, un troisième soldat sort du char, tire, tuant deux petites filles de la famille et blessant la troisième. Pendant plus de deux heures, ils leur ont interdit de bouger avant de lancer au père des deux fillettes: "tu peux partir"!

 

Après un silence, Khaled poursuit: un voisin tente d'aider les survivants en approchant son ambulance. Les soldats lui font quitter le véhicule avant d'écraser l'ambulance avec un char. (Chacun peut, en effet, voir ce qu'il en reste.) Un peu plus loin, un autre voisin leur vient en aide, avec sa carriole tirée par un âne. L'homme et l'animal sont, à leur tour, abattus, affirme Khaled en nous donnant le nom de cette personne.

 

Ces allégations sont tellement graves qu'elles demandent naturellement à être vérifiées. La vision d'horreur à perte de vue accrédite en tout cas l'hypothèse d'un acharnement d'une violence et d'une cruauté à peine imaginables de la part de l'armée israélienne.

 

Nous arrivons à Jabalyia, grand centre urbain au nord. Le seul camp de réfugiés y compte plus de 100 000 habitants. C'est là qu'une (autre) école des Nations Unies a été bombardée: on retirera 47 corps des décombres. Le père de l'une des victimes, 24 ans, répète, désespéré: "on nous avait conduits ici pour être en sécurité. Nous n'avons plus d'endroit où nous mettre à l'abri." C'est la répétition de ces bombardements prenant pour cible des sièges des Nations Unies qui a conduit le Secrétaire général de l'ONU à se rendre sur place, peu de temps avant notre arrivée, et à y tenir des propos légitimement durs.

 

Autre quartier, autre champ de ruines, nouveau témoignage accablant: "ils sont rentrés chez nous", raconte d'une voix lasse et monocorde un vieux monsieur assis devant sa maison intacte. Il nous relate le drame vécu par sa famille: "ils les ont plaqués contre le mur, les hommes d'un côté, les femmes de l'autre. Ils ont emmené mon fils de 42 ans au premier étage et ont tiré. Puis, en redescendant, ils ont dit à mon autre fils: "ton frère est mort. Tu peux appeler des secours." Mais quand il est sorti en levant les bras, ils lui ont coupé les doigts d'une rafale. Puis ils sont restés, empêchant l'ambulance d'approcher. Ils ont tiré aussi sur une voiture de l'UNRWA (ONU) venu pour aider ma famille, car mon fils y était employé depuis 20 ans. Un député arabe de la Knesset a pu être joint. Il a contacté Ehud Barak, le ministre de la défense, pour qu'il intervienne. Celui-ci a refusé, soulignant que "là où l'armée est présente, c'est elle qui décide". Quand ma famille a enfin pu voir mon fils, on s'est rendu compte qu'il n'était pas mort sur le coup. Ils l'ont laissé agoniser et perdre son sang! Il laisse huit orphelins. Cinq d'entre eux étaient présents quand ils ont tiré." Le vieil homme, prostré, s'est arrêté de parler.

 

Les témoignages sont également bouleversants dans un gymnase, une bibliothèque et une salle des fêtes du camp de réfugiés de la ville, transformés en centre d'hébergement pour 575 sinistrés du quartier, dont la plupart sont des femmes et des enfants. Les locaux sont bien entretenus mais la promiscuité y est insupportable. "Nous avons tout perdu" revient comme un leitmotiv. Une dame remercie une ONG d'avoir livré deux lits de camp. Une autre réclame "une vraie solution: pouvoir vivre en famille et que les enfants puissent aller à l'école." Quand nous nous retirons, une voix nous lance: "Ne nous oubliez pas! On compte sur vous! Dites-leur!" Nous ne les avons pas oubliés.

 

Le soir, nous nous retrouvons dans la cour d'un immeuble du camp de réfugiés. Les voisins affluent. Surtout des jeunes. Nous sommes vite une quarantaine, assis autour d'une simple lampe-torche. Pas d'électricité ni de gaz. On répare. Quelqu'un est allé chercher le gynécologue dont les cris de douleur en direct à la télévision israélienne ont fait le tour du monde. C'est un voisin. Il était ce matin sur la tombe de ses deux petites filles tuées par une bombe alors qu'il répondait par téléphone à un journaliste israélien. Nous ne le verrons pas ce soir. Il est à Tel Aviv où il a repris son travail au grand hôpital...

 

On nous sert thé et café, puis la parole se libère... Vous imaginez. Vers minuit, une heure, nous prenons congé, en promettant de révéler ce que nous avons vu et entendu et d'agir en conséquence: pour l'aide d'urgence, la levée du blocus et l'ouverture des accès à Gaza; pour l'envoi d'une force internationale de protection des populations; pour la mise sur pied d'une commission d'enquête internationale afin que toute la vérité soit établie et tous les responsables punis; pour une politique beaucoup plus offensive de l'Union européenne en faveur d'une paix juste et durable au Proche Orient .

 

Cela suppose avant tout plus de courage et d'indépendance politique, pour ne pas laisser passer des opportunités historiques comme l'Initiative de paix arabe de 2002 et 2005 - qui permettait la normalisation des relations de tout le monde arabe avec Israël en contrepartie du retour aux frontières de 1967! - ou le gouvernement d'unité nationale palestinien de 2007 constitué sur les mêmes bases entre Mahmoud Abbas et le Hamas. Cela suppose plus généralement une relation avec Israël reposant, non plus sur la complaisance et l'impunité, mais sur le strict respect du droit international et des résolutions pertinentes des Nations Unies.

 

Vérité, justice, paix... Après tout, nous ne demandons qu'à voir traduites en actes les "valeurs européennes"...

Bruxelles, le 27 janvier 2009

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APPEL D’AMMAN

Conseil Oecuménique des Eglises

Conférence Internationale pour la Paix « les Eglises ensemble pour la paix et la Justice au Moyen Orient »

Amman – Jordanie 18-20 Juin 2007

Les Impératifs d’Amman

 

Cela fait près de soixante ans que les Eglises chrétiennes se sont prononcées pour la première fois et d’une même voix pour la Paix entre Israël et les pays Arabes.

Pendant les quarante dernières années, les Eglises chrétiennes ont appelé à la fin de l’occupation israélienne en Palestine. A l’endroit même où Jésus a foulé notre terre , des murs séparent aujourd’hui des familles, les enfants de Dieu, qu’ils soient chrétiens, musulmans ou juifs, se trouvent pris au piège d’un cycle de violence, d’humiliation et de désespoir qui ne cesse de s’aggraver. Depuis Gaza jusqu’à Jérusalem et Nazareth, les chrétiens Palestiniens ont lancé un appel urgent à leurs frères et sœurs en Christ : «Nous ne voulons plus de discours sans engagements. Il est grand temps d’agir».

Nous saluons la prise de position prophétique des responsables des Eglises de Jérusalem en ce moment important et affirmons que « les Eglises font partie du conflit. Elles ne peuvent rester silencieuses tant qu’il y a de la souffrance. Le rôle des Eglises est de guérir les blessures et d’amener toutes les parties à se réconcilier. » Notre foi en Dieu nous rappelle « que tous les enfants de Dieu, de toutes religions et de tous partis politiques doivent être respectés. ». Nous assurons les Eglises de Palestine et d’Israël de nos prières, de nos ressources et de notre coopération.

Nous nous sommes retrouvés à Amman, en Jordanie, du 18 au 20 Juin 2007, au moment où l’on voit s’aggraver la crise dans les territoires palestiniens occupés, au moment où l’on célèbre la journée internationale des Nations Unies pour les Réfugiés. Représentant d’Eglises et organisations chrétiennes venues de tous les coins de la planète, nous faisons nôtre la décision du Comité Central du Conseil Œcuménique des Eglises : nous proclamons le lancement du « Forum Œcuménique pour la Palestine et Israël », instrument destiné à «  catalyser et coordonner les travail de plaidoyer des Eglises pour la paix pour mettre fin à l’occupation illégale, selon les termes des résolutions des Nations Unies, et à démontrer notre engagement dans des actions inter-religieuses en faveur de la paix et de la justice au service de l’ensemble des peuples de la région »

En agissant de la sorte nous répondons à trois impératifs fondamentaux :

- un impératif éthique et théologique d’œuvrer pour une Paix juste

  • un impératif œcuménique d’agir dans l’unité
  • un impératif biblique de manifester une solidarité qui ait un prix

Les postulats qui sous-tendent l’action du Forum sont les suivants :

  • les résolutions des Nations Unies sont les fondements de la paix et les Conventions de Genève doivent être appliquées pour assurer les droits et devoirs des populations concernées ;
  • les Palestiniens ont droit à l’autodétermination et au droit au retour ;
  • la solution des deux états doit être viable politiquement, géographiquement, économiquement et socialement ;
  • Jérusalem doit être une ville ouverte, accessible et partagée par les deux peuples et les trois religions ;
  • les besoins de sécurité des Palestiniens et des Israéliens sont légitimes
  • les implantations israéliennes dans les territoires occupés sont illégales et constituent un obstacle à la Paix ;
  • le « mur de séparation » construit par Israël dans des territoires palestiniens occupés est une grave atteinte au droit international et doit être déplacé ;
  • il n’y a pas de solution militaire à ce conflit. La violence sous toutes ses formes ne peut être justifiée, d’où qu’elle vienne, des Israéliens ou des Palestiniens.
  • la paix régionale est inséparable d’une paix juste en Israël et en Palestine.
  • la vie et le témoignage des Eglises locales se trouvent au centre de l’action des Chrétiens en faveur d’une paix juste.

Le Forum Œcuménique Palestine Israël représentera un espace où seront développées des stratégies globales visant le double objectif du rétablissement et de la construction de la paix.

Un groupe restreint convoqué dans les meilleurs délais par le COE aura pour tâche de faciliter cette action et d’assurer une bonne coordination entre tous les acteurs. Ce groupe s’appuiera sur les travaux des groupes de travail de la Conférence d’Amman. Sa composition et son fonctionnement seront mis au point et communiqués par le COE.

La stratégie de construction de la paix comprendra notamment :

  • Des approches théologiques et bibliques renouvelées autour des questions centrales du conflit ainsi qu’une rénovation du contenu de l’éducation chrétienne sur ces thèmes.
  • Le développement d’un ensemble d’actions en faveur de la justice et de la réconciliation, incluant le dialogue et la coopération entre les religions.
  • Un soutien accru aux réponses que les Eglises apportent à l’occupation.
  • La reconnaissance, l’encouragement et la collaboration avec tous les efforts qui partagent la vision et les objectifs du Forum, émanant des sociétés civiles israélienne et palestinienne.

La stratégie pour le rétablissement de la paix impliquera en particulier:

  • De préciser et de promouvoir des mesures, y compris dans le domaine économique, qui pourraient aider à mettre fin à l’occupation et soutenir la croissance et le développement durable.
  • De soutenir les efforts entrepris actuellement par les Eglises dans leur solidarité active et d’en identifier de nouveaux modèles. D’aider les Eglises locales et les organisations chrétiennes, non seulement à survivre en poursuivant leur courageuse mission dans les domaines de l’éducation, de la santé et des services sociaux et culturels, mais aussi à renforcer leur témoignage d’espérance.
  • De développer des actions de plaidoyer à long terme afin de mobiliser tous nos membres et de favoriser le changement.

 

Les défis d’Amman

 

Nous avons entendu les défis que nous lancent les églises chrétiennes d’Israël et de Palestine et qui nous disent :

« Agissez avec nous pour libérer tous les peuples de cette terre de la logique de haine, de rejet mutuel et de mort, afin que chacun puisse voir dans l’autre l’image et la dignité qui viennent de Dieu.

Priez avec nous dans nos efforts pour résister au mal sous toutes ses formes.

Joignez votre voix à la nôtre quand nous interpellons les pouvoirs et osons mettre un nom sur les injustices que nous constatons et que nous subissons. L’occupation illégale a volé la vie de deux générations des peuples de cette terre déchirée et menace la prochaine de sombrer dans le désespoir et la rage.

Acceptez le risque d’être insultés et poursuivis et maintenez votre solidarité avec nous et avec nos frères et sœurs palestiniens de toutes religions alors que nous rejetons fermement la poursuite de l’occupation

Aidez nous à abattre les murs et à construire et reconstruire des ponts entre les peuples de la région. L’extrémisme des deux côtés produit toujours le chaos. Il menace de nous diviser et de détruire les liens qui seuls pourront nous conduire à la réconciliation et à la paix.

Joignez votre espoir au nôtre dans la certitude que le mal et le désespoir ont été vaincus par la mort et la résurrection de notre Seigneur.

Insistez avec nous sur le droit au retour de tous les dépossédés, de tous les réfugiés.

Rejoignez nous quand nous recherchons la Paix et nous engageons pour elle. La Paix est possible. Les Chrétiens, les Musulmans et les Juifs ont su déjà et sauront encore se comprendre et vivre ensemble les uns à côté des autres ».

Quant à nous, représentants d’Eglises et d’organisations chrétiennes venus de tous les coins de la planète, nous leur répondons :

«  Oui, nous nous engageons à vos côtés. Nous agirons, nous prierons, nous parlerons, nous travaillerons ensemble. Nous accepterons de risquer nos réputations et nos vies pour construire avec vous des ponts qui mènent à une paix durable entre les peuples de cette terre si belle et si meurtrie- Israël et la Palestine.

Il faut mettre fin à des décennies d’injustice, d’humiliation et d’insécurité, à des décennies de vies d’exil et d’occupation. Nous contribuerons activement avec vous à la recherche et à la construction de la paix.

Nous avons laissé passer trop de temps. Un temps qui n’a pas servi la cause de la Paix, mais la cause de l’extrémisme. Telle est l’urgence. Elle ne peut plus attendre ».

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